Premiers de leur groupe respectif et qualifiés pour les quarts de finale sans briller, l’Argentine et le Brésil, qui peuvent se rencontrer en demi-finale en cas de victoire, ont beaucoup déçu. Décryptage.
Si le spectacle est souvent au rendez-vous de cette édition de la Copa America, grâce notamment au parcours flamboyant offert par le Chili, pays hôte, les aficionados du football sud-américain restent sur leur faim. Et pour cause, les deux monstres continentaux que sont l’Argentine et le Brésil, grandissimes favoris du tournoi, peinent à convaincre tant les copies qu’ils ont rendues au cours du premier tour sont sans saveur.
Premiers de leur groupe respectif et qualifiés pour les quarts de finale sans briller, ils se doivent de retrouver rapidement leur niveau pour éviter de quitter le Chili prématurément, et ainsi, s’affronter en demi-finale.
Messi, un génie fatigué
Impressionnante sur le papier, avec des joueurs de classe internationale sur toutes les lignes, l’Argentine s’est toutefois montrée peu inspirée et brouillonne sur le terrain lors de la phase de groupes. Les Argentins, qui n’ont plus gagné la Copa America depuis 1993, n’ont réussi à battre l’Uruguay et la Jamaïque que par un but à zéro. Lors de leur premier match, les hommes de "Tata" Martino, dont les choix sont toujours aussi discutables, ont été accrochés par le Paraguay (2-2), après avoir mené par deux buts d’écart. Pas de quoi pavoiser avant le quart de finale qui les opposera, le 27 juin, à la Colombie, imprévisible certes - une défaite face au Venezuela (0-1), une victoire contre le Brésil (1-0), et un nul contre le Pérou (0-0) -, mais pour le moins redoutable.
Et que dire de sa star planétaire Lionel Messi, qui marche sur l’eau avec le Barça, mais nous laisse sur notre faim dès qu’il se glisse sous le maillot de l’Albiceleste ! Même si le quadruple Ballon d’or a gratifié le public chilien de quelques fulgurances dont lui seul a le secret, le natif de Rosario paraît émoussé après une saison pleine et éprouvante. Un génie pour l’instant intermittent, qui fêtera ses 28 ans le 24 juin, dont on attend toujours plus et sur qui reposent les espoirs de toute une nation. Son compteur de buts durant la compétition reste bloqué à une unité, un penalty inscrit contre le Paraguay.
Son sélectionneur s'est refusé à évoquer un éventuel problème Messi : "Notre problème, c'est l'effondrement physique en seconde période, plus généralement c'est la fatigue. Les six jours de repos jusqu'au quart de finale vont nous faire du bien", a relevé "Tata".
Toujours est-il que malgré la présence aux côtés de la star barcelonaise de joueurs du calibre de Sergio Agüero – le seul qui impressionne pour le moment -, de Gonzalo Higuain, de Carlos Tévez et d’Angel Di Maria, à même de faire exploser n’importe quelle défense, l’Argentine n’a toujours pas marqué les esprits.
Privé de Neymar, le Brésil est en grand danger
La situation est bien plus inquiétante pour le Brésil qui affrontera le Paraguay en quart de finale, le 27 juin. En quête de rachat après sa sortie de route cataclysmique face à l’Allemagne (1-7) lors du Mondial-2014 organisé sur son sol, la Seleção qui avait pourtant balayé les Bleus au Stade de France (3-1) fin mars, semblait sur le bon chemin. Et ce, depuis le retour aux affaires de son sélectionneur Dunga, l’ancien capitaine de la Seleçao de 1998, lui qui avait pris les commandes de l’équipe nationale entre 2006 et 2010. Mais, vainqueur de justesse contre le Pérou (2-1), défait par la Colombie (0-1), et poussif contre le Venezuela (2-1), ce Brésil version Copa America déçoit.
Le jeu développé reste fade, résolument défensif et prévisible pour l’adversaire. En outre, les Auriverde manquent cruellement d’un avant-centre type, capable de tuer un match. Il est loin le temps où les Brésiliens pouvaient compter sur l’efficacité diabolique d’un Romario ou d’un Ronaldo. Privée en plus des exploits personnels de son sauveur habituel Neymar, suspendu jusqu’à la fin du tournoi après son expulsion contre la Colombie, la Seleção semble désarmée offensivement malgré la présence du prometteur Roberto Firmino.
Plus inquiétant encore, cette équipe-là ne fait plus lever les foules. Dunga a façonné une équipe à son image, lui qui était connu, lorsqu’il était joueur, pour sa grinta et son football rugueux. Mais il n’est pas le seul responsable de cette métamorphose qui a dénaturé le joueur brésilien. Problème de génération ou de formation ? C’est aux Brésiliens de se pencher sur ce problème.
Toujours est-il que le constat est là, le joga bonito, enterré depuis les retraites internationales de Rivaldo, Ronaldo et Ronaldinho, a bel et bien disparu des radars, laissant la place à un jeu calqué sur les systèmes européens, plus rigoureux, moins foufou et très tactique, au détriment de cette folie que le football brésilien porte dans son ADN.