Des négociations entre des représentants du gouvernement yéménite en exil et les rebelles houthis doivent s’ouvrir mardi à Genève, sous l’égide de l’ONU. L’objectif à court terme est d'instaurer une trêve humanitaire.
Les consultations entre représentants du gouvernement yéménite fidèle au président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi et les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, devaient débuter lundi matin. Elles ne s’ouvriront finalement que mardi 16 juin, car l'avion à bord duquel la délégation des rebelles du mouvement Ansarullah et de ses alliés avait quitté Sanaa dimanche soir a été immobilisé pendant près de vingt-quatre heures à Djibouti.
Selon le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, ce retard aurait été provoqué par "des problèmes liés à l'aviation internationale qui échappent au contrôle de l'ONU". "Nous avions fait des plans mais nous avons dû les changer et affréter des avions" pour la délégation, a-t-il expliqué. Selon une source proche des rebelles, le Soudan et l'Égypte n'ont pas permis à l'avion de traverser leur espace aérien.
"C'était une décision de l'Arabie saoudite, qui a demandé celà à ses alliés" "dans une tentative de torpiller les négociations", a déclaré à l'AFP M. Adel Shujah, un membre de la délégation, à son arrivée à Genève. Le délégué a affirmé que la situation avait pu se débloquer grâce à l'intervention "des États-Unis et du sultanat d'Oman".
Le Secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a néanmoins donné le coup d'envoi du processus en tenant une réunion lundi matin avec les représentants du gouvernement, en exil en Arabie saoudite.
"J'espère que cette semaine marquera le début de la fin des combats", a-t-il déclaré à la presse, soulignant qu'il n'y avait pas de temps à perdre dans ce pays pauvre de la péninsule arabique, menacé par "une bombe à retardement".
La rencontre de Genève intervient dans un contexte tendu, alors que les frappes aériennes de la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite et débutées fin mars ont provoqué des gros dégâts humanitaires sans toutefois parvenir à enrayer la progression des rebelles chiites d'Ansarullah, forts de l'appui des unités de l'armée restées fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh.
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Ban Ki-moon a déclaré que les combats avaient fait plus de 2 600 morts depuis le début des frappes (fin mars) et a appelé à "observer une trêve humanitaire de deux semaines à l'occasion du Ramadan", le mois de jeûne musulman qui commence cette semaine.
La délégation gouvernementale "pas très optimiste"
Les positions des protagonistes sont tellement éloignées que les premières consultations auront lieu sous la forme de "discussions de proximité", l'envoyé spécial de l'ONU pour le Yémen, le Mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, faisant la navette entre les deux délégations.
Le ministre des Affaires étrangères Ryad Yassine, qui dirige la délégation gouvernementale, a déclaré qu'il n'était "pas très optimiste" sur les chances de paix avec les rebelles, qu'il a accusés de vouloir venir en nombre à Genève "pour créer le chaos".
Les rebelles d'Ansarullah sont issus de la minorité zaïdite, une branche du chiisme, et représentent environ un tiers de la population. Abd Rabbo Mansour Hadi, un sunnite du sud du Yémen, est le premier président du pays qui n'est pas issu de cette communauté.
Sur le terrain, les rebelles ont continué à progresser et ont pris dimanche le contrôle de la principale ville de la province nordiste de Jawf, proche de la frontière avec l'Arabie saoudite.
Avec AFP et Reuters