logo

Raids au Yémen : l'Unesco s'alarme des destructions dans le Vieux Sanaa

La vieille ville de Sanaa, classée par l'Unesco, a été touchée vendredi par un raid faisant cinq morts et détruisant trois maisons. La coalition arabe, qui mène des raids contre des rebelles chiites, a démenti être à l'origine des destructions.

L'Unesco ne cache pas ses inquiétudes au sujet du Yémen. L’organisation onusienne a vivement condamné vendredi 12 juin la mort de cinq personnes et la destruction de plusieurs édifices de la vieille ville de Sanaa, inscrite au Patrimoine mondial de l'humanité, dans un raid aérien.

La coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite, qui mène des raids contre des rebelles chiites au Yémen, a démenti vendredi que ses avions aient frappé un quartier historique de la capitale. "Il est certain que nous n'avons pas mené d'opérations dans la ville", a déclaré à l'AFP le général Ahmed al-Assiri, le porte-parole de la coalition.

Du côté de l'Unesco, les craintes sont réelles. "Cette destruction ne va qu'exacerber la situation humanitaire et je réitère mon appel à toutes les parties à respecter et protéger l'héritage culturel du Yémen", "symbole d'une histoire millénaire" qui "appartient à toute l'humanité", a déclaré, dans un communiqué, Irina Bokova, la directrice générale de l'Unesco basée à Paris. Et d’ajouter être "profondément affligée par les pertes de vies humaines et les dommages infligés à l'un des plus anciens joyaux de l'urbanisme islamique au monde".

Un missile a chuté sans exploser dans le quartier de Qassimi, situé dans une zone qui comprend des milliers de maisons vieilles de plusieurs siècles, selon un journaliste de l'AFP et des témoins. Sa chute a démoli des maisons de trois étages et tué cinq personnes, dont une femme et un enfant, ont indiqué des sources médicales et des témoins.

Édifices historiques

Édifiée dans une vallée au milieu des montagnes à 2 200 mètres d'altitude, Sanaa était aux VIIe et VIIIe siècles un important centre de propagation de l'islam. On y décompte 103 mosquées, 14 hammams et quelque 6 000 maisons, dont des maisons-tours ou d'autres en pisé, construites avant le XIe siècle.

En mai, l'Unesco s'était alarmée des "sérieux dégâts" causés par des bombardements sur la vieille ville et avait appelé "toutes les parties en présence à tenir le patrimoine culturel hors de portée des conflits".

Des habitants avaient déjà indiqué auparavant que des maisons de la vieille ville avaient été endommagées par des frappes aériennes visant le ministère de la Défense, situé non loin de là.

Sortir le Yémen de l'impasse

Pour la première fois depuis l'intervention saoudienne en mars, les belligérants du conflit au Yémen se retrouveront lundi à Genève, sous l'égide de l'ONU, pour tenter de sortir de l'impasse et créer les conditions d'une désescalade.

Le démarrage des consultations a été retardé de dimanche à lundi en raison de l'arrivée tardive d'une délégations yéménite suite à "des circonstances imprévues", selon l'ONU.

Les Nations Unies ont qualifié la situation humanitaire de "catastrophique" dans le pays où le conflit a fait 2 584 morts et 11 065 blessés, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé. Plus d'un demi-million de personnes ont été déplacées.

Avec AFP