logo

Riyad refuse toute ingérence étrangère dans l'affaire du blogueur Raif Badawi

Passablement irritée par les critiques qui la visent, l'Arabie saoudite a dit n'accepter, jeudi, aucune ingérence étrangère dans l'affaire du blogueur Raif Badawi, condamné à 10 ans de prison et 1 000 coups de fouet pour "insulte à l'islam".

Pointée du doigt pour la condamnation à 10 ans de prison et à 1 000 coups de fouet infligée au blogueur saoudien Raif Badawi, l'Arabie saoudite a repoussé, jeudi 11 juin, toute ingérence étrangère dans cette affaire.

Le royaume wahhabite a exprimé "son incrédulité et sa condamnation" face aux critiques étrangères sur "le cas du citoyen saoudien Raif Badawi", a indiqué l'agence officielle SPA, citant une source officielle au ministère des Affaires étrangères.

La justice en Arabie saoudite "jouit de l'indépendance et le royaume n'accepte aucune ingérence [dans son système] et ses affaires internes d'une quelconque partie", a ajouté cette source officielle saoudienne.

La situation de Raif Badawi, emprisonné depuis 2012, a soulevé l'indignation à travers le monde, l'ONU dénonçant une sentence "cruelle et inhumaine". Le 9 juin, la ministre suédoise des Affaires étrangères Margot Wallström, déjà à l’origine d’une crise diplomatique avec Riyad en mars à propos des droits de l'Homme, a accusé l'Arabie saoudite d'user d'une "méthode moyenâgeuse" en ayant recours à la flagellation.

La veille, les États-Unis avaient appelé Riyad à "annuler" la "punition brutale" contre Raif Badawi, tandis que l'Union européenne avait qualifié ce châtiment d'"inacceptable" et "contraire à la dignité humaine".

Fin mai, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Romain Nadal, avait indiqué que "la France est favorable à la liberté d'expression", sans plus de précisions sur une demande de libération. Le président François Hollande avait été reçu en grande pompe début mai à Riyad dans un contexte de volonté mutuelle de renforcer les relations bilatérales.

Animateur du site Internet Liberal Saudi Network et lauréat 2014 du prix Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse, Raif Badawi, 31 ans, avait été condamné en 2014 à 10 ans de prison et à 1 000 coups de fouet (50 par semaine pendant 20 semaines) pour "insulte à l'islam". Son crime : avoir demandé sur son site la fin de l'influence religieuse dans le royaume saoudien.

Il avait subi une première séance de flagellation le 9 janvier, mais les séances suivantes avaient été repoussées, d'abord pour des raisons de santé, puis pour des motifs non précisés.

Après la confirmation, le 7 juin, de sa condamnation par la Cour suprême saoudienne, l'épouse du blogueur et des organisations de défense des droits de l'Homme ont déclaré redouter que les séances de flagellation ne reprennent rapidement.

Avec AFP