
La Belgique a commencé à frapper des pièces de 2,50 et 10 euros pour commémorer le bicentenaire de la bataille de Waterloo. Des montants fantaisistes qui lui permettent de contourner l'opposition de Paris à une pièce de 2 euros.
Bis repetitae. La France a de nouveau perdu la nouvelle bataille de Waterloo. La Belgique a présenté, lundi 8 juin, deux pièces de monnaie pour commémorer le bicentenaire de cette défaite militaire française, qui a marqué le début de la fin des visées paneuropéennes de Napoléon 1er.
Pourtant, Paris croyait avoir réussi à stopper les ardeurs numismatiques belges en mars dernier. Après quelques pressions diplomatiques, Bruxelles avait accepté de fondre 175 000 pièces de deux euros déjà créées à la mémoire de la victoire anglo-prusso-néerlandaise sur la morne plaine. Les autorités françaises avaient argué que la mise en circulation de telles pièces pouvait “susciter des réactions hostiles” à “une époque où les États européens cherchent à renforcer leurs liens à travers la monnaie unique”.
70 000 pièces “non-conventionnelles”
Les Belges ont perdu une bataille, mais pas la guerre. Côté face, il leur fallait obtenir l’accord de tous les pays de la zone euro pour faire circuler une pièce commémorative. Côté pile, la législation européenne peut offrir des solutions surprenantes à une situation qui semble inextricable. Bruxelles s’est ainsi rendu compte que le droit européen permettait à un pays de frapper monnaie, seul dans son coin, si la pièce a une valeur “non-conventionnelle”.
C’est ainsi qu’est née la pièce de 2,50 euros et celle de 10 euros, commémorant Waterloo. La Belgique, où se trouve le site de la bataille, en créera 70 000 d’ici au grand week-end des commémorations, qui débutera jeudi 18 juin.
“Notre but n’est pas de raviver des vieilles querelles”, a fait savoir le ministre belge des Finances, Johan Van Overtveldt. Les nouvelles pièces ne devraient, selon Bruxelles, pas soulever de vagues d’indignation dans l’hexagone, puisque leur valeur “non-conventionnelle” fait qu’elles ne peuvent être utilisées que dans le pays les ayant frappées.
“Le meilleur de la créativité belge”
La pièce de 2,50 représente la Butte au Lion, un monument érigé en 1826 qui célèbre la victoire sur Napoléon à Waterloo. La silhouette de l’ex-empereur apparaît sur celle de 10 euros qui montre aussi, côté face, le Duc de Wellington averti de l’arrivée imminente des renforts prussiens.
En Belgique, même les touristes français pourront payer leurs achats dans les commerces avec ces nouvelles devises. Mais, vu leur prix à l’achat, elles sont clairement destinées, en priorité, aux collectionneurs. La pièce de 2,50 euros peut être acquise pour 6 euros, tandis que celle de 10 euros vaut 42 euros.
La tactique pour contourner le veto français a ravi tous ceux qui ont déploré l’attitude française en mars dernier. C’est “le meilleur de la créativité belge”, s’est réjoui, sur Twitter, le Belge Jean-Yves Jault, directeur de la communication de Toyota Europe.
Au Royaume-Uni, où la bataille de Waterloo est considérée comme une page glorieuse de l’histoire européenne, cette ruse numismatique n’est pas passée inaperçue. “Encore une nouvelle raison d’aimer la Belgique”, a tweeté un Londonien. Un autre assure qu’il “sera heureux de payer pour acheter cette pièce”.