logo

Selon le "Sunday Times", le Maroc s'est fait voler le Mondial-2010

Le scandale de la Fifa se poursuit. Selon le journal sud-africain le "Sunday Times" du 7 mai, le Maroc s'est fait voler le Mondial-2010 au profit de l'Afrique du Sud, pays largement au cœur des turbulences qui secouent la fédération.

Chaque nouvelle journée apporte son lot de révélations autour de la Fédération international de football, depuis la réélection-démission de Sepp Blatter. Le dernier scandale en date concerne l’attribution du Mondial-2010 à l’Afrique du Sud. Dans son édition du 7 mai, le "Sunday Times" de Johannesburg affirme que c’est en fait le Maroc qui aurait dû organiser cet événement planétaire.

Des urnes mal dépouillées

Le journal britannique se base sur un enregistrement datant de 2009 du Botswanais Ismail Bhamjee, ancien membre du comité exécutif de la Fifa. Interrogé sur le vote du 15 mai 2004, il raconte que celui-ci était en réalité favorable au royaume chérifien : "J'en ai parlé avec tout le monde, nous sommes tous collègues vous savez… Nous avons vu, qu'en réalité, le Maroc avait gagné de deux voix", avait expliqué Ismail Bhamjee, ajoutant que "les urnes qui ont été ouvertes dans un local fermé ont été délibérément mal dépouillées".

Toujours selon cet enregistrement, le Maroc aurait payé un pot-de-vin de 1 million de dollars au Trinidadien Jack Warner, alors vice-président de la Fifa, pour influencer son vote. Mais celui-ci aurait changé son choix à la dernière minute car il avait reçu encore plus d’argent de l’Afrique du Sud. Cette information est à mettre en lien avec les précédentes révélations concernant Jack Warner. La justice américaine avait affirmé, la semaine dernière, que le gouvernement sud-africain et le comité de candidature du Mondial-2010 avaient versé 10 millions de dollars au Trinidadien en échange de trois voix en faveur de l’Afrique du Sud. Mais la BBC va aujourd’hui plus loin, en expliquant que l’ancien président de la Concacaf a détourné cet argent, finalement destiné à alimenter un programme de développement du football dans les Caraïbes, pour "retirer de l’argent liquide, rembourser des emprunts bancaires ou blanchir de l’argent".

Le journal "l’Équipe" estime toutefois que les dernières révélations sont à prendre avec précaution. Le quotidien français rappelle en effet que Ismail Bhamjee "a lui-même été banni de l’instance internationale après avoir revendu pour trois fois leur prix des billets lors de la Coupe du monde en Allemagne en 2006".

Toujours au sujet de ce virement de 10 millions de dollars, il semblerait en tout cas, selon un mail de Jérôme Valcke, le secrétaire général de la Fifa, que le président sud-africain Thabo Mbeki et le président Blatter en avaient discuté ensemble, révèle toujours le "Sunday Times".

La Fifa était en tout cas au courant de cet enregistrement qui lui a été fourni dès 2010 par la rédaction. Dans un communiqué adressé au journal sud-africain, la Fédération internationale n’a pas voulu commenter ces nouvelles informations qui entachent encore un peu plus l’instance : "Cela n’échappera pas, même au 'Sunday Times', que ces affaires font actuellement l’objet d’une enquête par les autorités compétentes, les agences gouvernementales et non les journaux. La Fifa coopère pleinement avec les enquêteurs".

M. Warner, sous le coup d'une demande d'extradition de la justice américaine, est actuellement libre sous caution à port-d'Espagne, la capitale de Tobago.

"Le Maroc doit rester au dessus de tout cela"

Du côté du Maroc, Said Blekhayat, membre du comité d’organisation de la Coupe du monde 2010, a reconnu auprès du quotidien "Le Matin" que des rumeurs avaient bien circulé à l’époque concernant un trucage du scrutin : "Nous avons entendu cette information, mais on n’avait aucun moyen de la vérifier. On avait demandé à assister au dépouillement des votes, mais le protocole l’interdisait, puisque seuls les notaires suisses assistaient au dépouillement et communiquaient par la suite le résultat du vote au président de la Fifa".

Malgré ces graves accusations, Saad Kettani, le président du comité d’organisation du mondial au Maroc, ne veut toutefois pas rentrer dans la polémique et engagé d’éventuelles poursuites contre la Fifa. "Le feuilleton est fermé. On ne savait pas exactement ce qui s’était réellement passé à l’époque, en mai 2004. Avec le recul, on se souvient que Blatter était ravi de faire gagner l’Afrique du Sud. On ne sait quel crédit donner aux révélations qui sortent aujourd’hui à propos de la Fifa. En tout cas, on ne peut refaire l’histoire", a-t-il expliqué dans les pages du "Matin". "Le Maroc doit rester au-dessus de tout cela".

Cette nouvelle salve de révélations était partie du Caire dimanche, où l'ex-ministre égyptien des Sports avait accusé la Fifa de chantage au vote lors de l'attribution du Mondial-2010. L'Égypte, qui affirme avoir refusé de céder, n'avait alors recueilli aucune voix.