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Bain de sang à Maiduguri au lendemain de l’investiture du président nigérian

Maiduguri au Nigeria, a été la cible samedi d'une attaque de Boko Haram, repoussée par l'armée nigériane, puis d'un attentat-suicide dans une mosquée, le tout quelques heures seulement après la prestation de serment du nouveau président nigérian.

Un attentat suicide a fait au moins 26 morts et une trentaine de blessés samedi après-midi dans une mosquée de Maiduguri, grande ville dans le nord-est du Nigeria, quelques heures après une attaque du groupe islamiste Boko Haram qui a fait au moins onze morts dans les faubourgs de la ville dans la nuit de vendredi à samedi, a-t-on appris de source policière.

Ces attaques successives interviennent au lendemain de la prestation de serment du nouveau président. Muhammadu Buhari a fait du combat contre les islamistes une des priorités de son mandat là où son prédécesseur, Goodluck Jonathan, avait échoué, ne parvenant pas à circonscrire l'insurrection qui depuis 2009 a fait plus de 15 000 morts et 1,5 million de déplacés.

Lors de son discours d'investiture, vendredi midi, le nouveau président nigérian avait promis d'installer à Maiduguri-même, plutôt qu'à Abuja, un nouveau centre de commandement de l'armée afin de mieux coordonner la contre-insurrection contre Boko Haram, qualifié de "groupe de gens fous et sans Dieu".

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Les représailles de Boko Haram après le discours de Buhari

La riposte ne s'est pas faite attendre faisant de ce samedi une journée sanglante à Maiduguri. L’attentat-suicide de samedi commis dans une mosquée de la ville a fait au moins 26 morts d'après la police. L'attaque a été commise vers 15H30 (14H30 GMT). "Le toit de la mosquée s'est effondré et les flammes ont consumé les tapis de prière et quelques Corans," a précisé Nura Khalid un commerçant voisin du lieu de culte.

Quelques heures auparavant dans la nuit de vendredi à samedi, aux environs de minuit (23H00 GMT vendredi), des habitants du quartier périphérique de Dala, dans le sud de Maiduguri, se sont réveillés au son de roquettes tirées en rafales, a expliqué à l'AFP un habitant, Modu Karumi.

"Des roquettes n'arrêtaient pas de voler au-dessus de nos têtes"

D’après plusieurs autres habitants, durant des heures, des centaines de combattants islamistes ont tenté d'avancer vers la ville, qui abrite des centaines de milliers de Nigérians chassés de chez eux par les violences dans le nord-est du pays.

"Des roquettes n'arrêtaient pas de voler au-dessus de nos têtes et de tomber sur nos maisons", c'était un cauchemar", témoigne Malam Yusuf, qui habite le quartier de Dala. Sa maison a été touchée et le pied de son épouse a "volé en éclats".

Un journaliste de l'AFP vivant dans le quartier a entendu ce qui ressemblait à des transports de troupes se déployer sur les limites sud de Maiduguri pour bloquer l'avancée des insurgés. Trois hauts responsables sécuritaires à Maiduguri ont assuré, sous couvert d'anonymat, que l'attaque avait été repoussée. "Tout est sous contrôle", a affirmé l'un d'eux à l'AFP.

Les observateurs doutent que Boko Haram ait actuellement les capacités de prendre Maiduguri, régulièrement ciblée, mais une attaque d'ampleur pourrait entraîner de lourdes pertes civiles. C'est dans cette ville qu'est né en 2002 le groupe islamiste, qui s'est lancé depuis 2009 dans de sanglantes attaques.

Avec AFP