Dans l’armée irakienne et sur les réseaux sociaux, c’est une icône. Abu Azrael, milicien chiite aux allures de Rambo, fait reculer les jihadistes de l’organisation de l’État islamique en Irak. Nos reporters sont allés à sa rencontre.
"Vous réduire en poussière !", cette promesse d’Abu Azrael à l’adresse des jihadistes de l’organisation de l’État islamique (EI) est devenue le slogan d’une bonne partie de la population irakienne. Dans les rues de Bagdad, elle est répétée, scandée, clamée. Abu Azrael, littéralement "le père de l’ange de la mort", est devenu un héros en Irak. Dans la rue, tout le monde le reconnaît et le visage de ce milicien s’affiche même sur les T-shirts vendus sur les marchés de Bagdad.
Ses vidéos sur YouTube ont été visionnées des dizaines de milliers de fois et des centaines de milliers de fans le suivent sur Facebook. Abu Azrael, 37 ans, apparaît souvent biceps saillants, armé jusqu’aux dents, souriant derrière sa barbe fournie. On le voit aussi en train de mitrailler sans relâche et à découvert les positions ennemies. Ce qui lui a valu le surnom de "Rambo irakien".
En mars dernier, ce guerrier chiite, qui a pris les armes il y a une dizaine d’années, a connu son heure de gloire lorsque la ville de Tikrit a été reprise aux jihadistes de l’EI. Pour une grande partie de la population irakienne, il incarne l’espoir. Les politiciens en mal de crédibilité aiment s’afficher à ses côtés, tandis que les soldats de l’armée régulière veulent un selfie avec lui.
L’armée irakienne, critiquée pour ses défaites, a plus que jamais besoin d’un héros, affirment les officiers rencontrés sur la ligne de front. Abu Azrael est appelé sur les champs de bataille en Irak pour combattre, mais aussi pour remotiver le moral des troupes.
Toutefois, ce "Rambo d’Irak", formé par le Hezbollah au Liban et en Iran, appartient à une milice soutenue par Téhéran, accusée de crimes de guerre par Amnesty International... Quand les commandants d’Abu Azrael affirment qu’ils se battent pour tous les Irakiens, difficile de les croire. Pour preuve la récente polémique sur le nom de la nouvelle offensive sur la ville de Ramadi, qui divise chiites et sunnites.
Portrait d’Abu Azrael et plongée au cœur de ces milices, de plus en plus portées vers une version chiite du jihad.