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Jugé dans l'affaire Bettencourt, l'ex-ministre UMP Éric Woerth a été relaxé par le tribunal correctionnel de Bordeaux, tandis que le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre et le photographe François-Marie Banier ont été condamnés.

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a relaxé jeudi 28 mai l'ancien ministre UMP Éric Woerth dans la tentaculaire affaire Bettencourt, tant pour le volet "trafic d'influence" que pour celui pour "d'abus de faiblesse". Alors trésorier de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, Éric Woerth était poursuivi pour le recel d'une somme en liquide que lui aurait remise Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de la richissime héritière du groupe de cosmétiques l'Oréal, ce qu'il a toujours nié.

L'ancien ministre avait été relaxé un peu plus tôt dans l'après-midi des poursuites pour "trafic d'influence". Les deux hommes étaient poursuivis pour avoir conclu un arrangement selon lequel Éric Woerth aurait remis la Légion d'honneur à Patrice de Maistre. En échange, ce dernier était soupçonné d'avoir fait embaucher en 2007 l'épouse du ministre, Florence Woerth, dans sa société qui gérait les dividendes de Liliane Bettencourt. Les juges ont estimé que si l’ancien ministre du Budget est bien intervenu "en tant que trésorier de la campagne (présidentielle) de Nicolas Sarkozy" pour faire décorer Patrice de Maistre, dans des "conditions totalement atypiques", "il n'est pas démontré l'existence d'un pacte de corruption dont la contrepartie serait l'emploi de son épouse".

"La volonté de profiter de son état confusionnel"

Relaxé sur le volet "trafic d'influence", Patrice de Maistre a en revanche été condamné à 30 mois de prison, dont un an avec sursis, pour "abus de faiblesse" sur Liliane Bettencourt. Le photographe François-Marie Banier a quant à lui été condamné à 3 ans de prison, dont 6 mois avec sursis pour "abus de faiblesse" sur la vieille dame. Présents à Bordeaux pour l'énoncé du jugement, les deux hommes ont annoncé leur intention de faire appel de ces condamnations, à peine inférieures aux réquisitions prononcées en début d'année.

Le président du tribunal a insisté sur la "particulière vulnérabilité" de Liliane Bettencourt, âgée de 92 ans, "traumatisée et profondément troublée" après le décès de son mari en novembre 2007. Selon lui, elle "s'est retrouvée à la merci d'hommes en qui elle plaçait sa confiance" et "ceux des prévenus qui la fréquentaient régulièrement" ne pouvaient ignorer cet état de vulnérabilité. Pour le président, François-Marie Banier avait la "volonté de profiter de son état confusionnel pour tenter de s'accaparer sa fortune".

La fille de la riche femme d’affaires, Francoise Bettencourt-Meyers, partie civile au procès, s’est exprimé brièvement à sa sortie du palais de justice: "Ma première pensée va naturellement à ma mère, pour son honneur, pour sa dignité, et puis vers toute sa famille, la nôtre. Mais il ne m'appartient pas de commenter cette décision de justice".

Avec AFP