Les élections municipales et régionales ont tourné au vote sanction contre le Parti populaire de Mariano Rajoy, dimanche en Espagne, et fait voler en éclats le bipartisme qui organisait la vie politique depuis la fin du franquisme.
En Espagne, le Parti populaire (PP, droite) paye le prix de quatre années de politique d'austérité et de scandales de corruption à répétition. Dimanche 24 mai, les électeurs ont adressé un vote sanction au PP de Mariano Rajoy, chef du gouvernement depuis 2011, lors des élections municipales et régionales. Le parti remporte 27 % des suffrages exprimés, selon la totalisation du ministère de l'Intérieur portant sur la quasi-totalité des suffrages, soit un recul de plus de dix points par rapport aux précédentes élections locales, il y a quatre ans.
Si en nombre de voix, le PP est arrivé en tête, il réalise néanmoins son pire score depuis 1991 et est en passe de perdre la majorité dans la plupart des régions qu'il contrôlait.
Deuxième force politique du pays, les socialistes du PSOE limitent eux leurs pertes, avec 25 % des suffrages (-3 points). À elles deux, les deux grandes formations espagnoles ne pèsent plus que 52 % des voix contre 65 % aux régionales et municipales de 2011.
"Une troisième voie en Espagne"
Ciudadanos (les Citoyens), parti libéral centriste engagé contre la corruption, arrive lui en troisième position avec 6,55 % des suffrages. Son chef de file, Albert Rivera, a salué ce qu'il considère comme la fin du bipartisme et estimé que ces élections "montrent qu'il y a de la place pour une troisième voie en Espagne".
Podemos ("Nous pouvons"), la formation de gauche anti-austérité issue du mouvement des Indignés en 2011, n'apparaît pas en tant que telle dans les résultats compilés par le ministère. Cependant, le mouvement réalise une percée grâce à des alliances avec des mouvements et collectifs citoyens.
Les "indignés" aux portes de Madrid et Barcelone
À Madrid, que le Parti populaire gouverne depuis 1991, la mairie pourrait basculer. La candidate du PP, Esperanza Aguirre, arrive certes en tête avec 34,5 % des suffrages mais ne remporte que 21 des 57 sièges de conseillers municipaux (contre 31 lors des élections de 2011). La liste "Ahora Madrid" de Manuela Carmena, comprenant notamment Podemos, est deuxième avec 20 conseillers, et pourrait gouverner avec l'appui du Parti socialiste (neuf sièges).
Dimanche soir peu avant minuit, la liesse a gagné les partisans de Manuela Carmena, ancienne juge de 71 ans, qui ont fêté ce qu'ils considèrent comme une victoire, dans cette capitale de l'Espagne tenue par la droite depuis 23 ans, berceau du mouvement des "indignés" contre la corruption et l'austérité.
À Barcelone, l'alternance est certaine : l'alliance de gauche formée autour d'Ada Colau, soutenue par Podemos, l'a emporté face aux partisans de l'indépendance de la Catalogne.
Des résultats qui ont ravi le chef de Podemos, Pablo Iglesias. "Ce printemps du changement est irréversible", s'est-il félicité dans la soirée.
Avec Reuters