Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté de justesse, vendredi, une résolution visant à lutter contre la prolifération des armes légères. Six pays sur 15 se sont néanmoins abstenus.
La prolifération des armes légères a encore de beaux jours devant elle. Bien que le Conseil de sécurité de l’ONU ait adopté, vendredi 22 mai, une résolution visant à lutter contre la prolifération de ces armes qui nourrissent nombre de conflits dans le monde, six pays se sont abstenus d'apporter leur soutien au texte.
Selon l'ONU, le monde a connu, depuis 10 ans, des dizaines de conflits où la prolifération des armes légères a joué un grand rôle, comme en Libye ou au Yémen. Quelque 50 000 personnes sont tuées chaque année en raison de cette prolifération.
Les pays opposés à la résolution, parmi lesquels figurent les trois membres africains du Conseil de sécurité (Angola, Tchad, Nigeria) n’ont pas donné leur accord au texte car celui-ci n’interdit pas spécifiquement le transfert d'armes aux "acteurs non-étatiques", un terme qui peut désigner notamment les groupes armés impliqués dans des conflits contre des États. En Afrique, il s'agit par exemple de Boko Haram, des Shebab somaliens ou de groupes rebelles dans l'Est de la République démocratique du Congo.
Ainsi l'ambassadeur tchadien à l'ONU Mahamat Zene Cherif a-t-il expliqué, à l'issue de la réunion, que "les acteurs non-étatiques provoquent des confits, déstabilisent des États, sèment la destruction". Armer ces acteurs non-étatiques "représente une menace pour la paix et la sécurité", a renchéri l'ambassadeur angolais Ismael Abraao Gaspar Martins, en énumérant les conflits où ils sont impliqués : Syrie, Irak, Nigeria, Mali, RD Congo, Soudan du Sud...
Pour les pays (États-Unis, Royaume-Uni, France, Jordanie) qui ont voté en faveur du texte, une telle interdiction de transfert n’était pas acceptable, étant donné qu'ils soutiennent, y compris militairement, les opposants syriens modérés.
Le terme d'"acteurs non-étatiques" est "mal défini et impossible à appliquer dans la pratique", a fait valoir l'ambassadeur britannique Matthew Rycroft. Une telle référence "n'améliorerait pas la situation sur le terrain".
La résolution se contente donc de "reconnaître l'importance de prévenir le transfert illicite d'armes et de munitions à des groupes armés et à des réseaux criminels qui ciblent les civils".
Ratifier le commerce sur les armes conventionnelles
Outre les membres africains, la Russie, la Chine et le Venezuela se sont aussi abstenus. La résolution est passée avec neuf voix pour, sur 15 membres, soit le minimum requis pour une adoption.
Le texte adopté insiste sur la nécessité d'aider les pays instables ou qui sortent d'un conflit à sécuriser leurs arsenaux et à améliorer la traçabilité des munitions.
Il demande aux États membres d'appliquer strictement les embargos internationaux et de renforcer la surveillance de ces embargos.
Il exhorte les pays qui ne l'ont pas encore fait à ratifier "dès que possible" le traité sur le commerce des armes conventionnelles entré en vigueur en décembre. Ce texte, le premier du genre, impose aux États de s'assurer au préalable que les armes qu'ils vendent ne risquent pas d'être utilisées pour violer les droits de l'Homme ou contourner des embargos.
Quatre pays membres du Conseil (Russie, Chine, Jordanie, Venezuela) n'ont pas encore signé ce traité. La Russie l'a récemment jugé "trop faible" tout en "imposant certains fardeaux à ceux qui y participent".
Avec AFP