Un mouvement de contestation dans le secteur automobile de Turquie se propage dans plusieurs usines étrangères. Selon le journal turc "Hürriyet", Renault pourrait revenir sur ses investissements dans le pays si le calme ne revient pas.
Un mouvement de contestation, né dans la nuit du 14 mai dans la plus grande usine automobile du pays, celle de l'entreprise Oyak-Renault à Bursa (nord-ouest), se propage en Turquie, les ouvriers du secteur réclamant de meilleurs salaires. Après le site de l’Italien Fiat, c’est au tour de l’Américain Ford de connaître une fronde sociale. Le site de Tofas, produisant des Fiat, est également concerné.
Le journal turc "Hürriyet Daily News" a révélé jeudi 21 mai que Renault pourrait même mettre un terme à ses investissements dans le pays si le calme ne revenait pas rapidement. Le quotidien rapporte les propos que Jean-Christophe Kugler, directeur des opérations Renault de la région Eurasie, a confié à l'agence de presse Reuters.
Le responsable a souligné que la Turquie constituait un "marché à fort potentiel sur lequel le constructeur français a parié à long terme". Pour lui, "la contestation n'est pas seulement une menace pour la Turquie, […] mais aussi pour l’économie mondiale".
Les employés de Renault et du site de Tofas demandent les mêmes avantages, dont une hausse de 60 % de leurs salaires, que ceux récemment obtenus par leurs collègues de l'usine locale du groupe Bosch, qui fabrique des pièces détachées pour plusieurs constructeurs automobiles.
Appels à la reprise du travail
La contestation a aussi gagné la semaine dernière deux équipementiers automobiles de Bursa, cœur du secteur automobile turc, Coskunöz et Mako.
Selon "Hürriyet", le ministre turc de l'Industrie, Fikri Işık, a réclamé jeudi un retour immédiat à l'activité, arguant que "les réclamations des employés pouvent être débattues alors que la production continue".
Le journal précise que cinq associations et organisations automobiles turques ont appelé les employés à reprendre le travail dans le calme. Elles soulignent qu'une interruption prolongée de l'activité pénaliserait "tout le monde".
Cette grève, qui touche un secteur considéré comme une locomotive de l'industrie turque et de ses exportations, intervient à moins de trois semaines des élections législatives du 7 juin.
Avec AFP