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Ben Laden voulait détruire l’Amérique... et l’économie française

L'administration américaine a déclassifié une centaine de documents que Ben Laden conservait dans sa résidence d'Abbottabad, au Pakistan. Ils révèlent son obsession pour les États-Unis et son intérêt pour l'économie française...

Ce sont des informations précieuses pour comprendre l’état d’esprit du chef d’Al-Qaïda. Déclassifiés mercredi 20 mai par l’administration américaine, les documents d'Oussama Ben Laden révèlent ses réflexions tactiques et son anxiété face aux services de renseignements occidentaux.

Au total, une centaine de documents, dont l'AFP a pu avoir connaissance en exclusivité, ont été déclassifiés par le renseignement américain. Une liste de livres, rapports et analyses publics retrouvée dans la maison, baptisée la "bibliothèque de Ben Laden", a aussi été publiée sur le site de la direction nationale du renseignement.

Reclus dans son complexe d'Abbottabad, au Pakistan, Oussama ben Laden adjurait notamment ses partisans de rester focalisés sur les attaques contre l'Amérique. "La priorité doit être de tuer et de combattre les Américains et leurs représentants", écrit Ben Laden dans l'une de ces notes trouvées dans la résidence où il vivait terré lors de l'assaut des forces spéciales américaines, le 2 mai 2011.

Intéressé par "une attaque sur l'économie française"

Oussama Ben Laden faisait pression sur les différentes branches d'Al-Qaïda pour qu'elles composent avec les autorités de leurs pays respectifs et puissent se consacrer à la lutte contre les États-Unis. Une lettre datée de 2010 montre ainsi qu'il a ordonné à Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), l'aile la plus active du mouvement, de conclure un cessez-le-feu avec le gouvernement yéménite ou de trouver un quelconque arrangement qui lui laisse les mains libres.

La liste montre également que Ben Laden avait amassé une vingtaine de livres et études économiques sur la France, peut-être dans le projet de mettre à genoux son économie. Il a probablement été intéressé par l'idée "d'une attaque sur l'économie française, dans l'espoir de provoquer un effondrement économique" contagieux pour le reste du monde occidental, selon Jeffrey Anchukaitis, porte-parole de la direction du renseignement américain (DNI).

Ben Laden s'était ainsi procuré plusieurs rapports d'évaluations de l'économie française, comme cette synthèse de la banque néerlandaise Rabobank publiée en janvier 2011. Il s'était aussi procuré un ouvrage intitulé "La France économique et sociale au XVIIIe siècle" d'Henri Sée, paru en 1925, et une étude américaine intitulée "La France a-t-elle causé la grande dépression [de 1929] ?".

Le dossier "France", fort au total d'une vingtaine de documents, comprenait aussi une étude sur les déchets nucléaires, une liste des compagnies de transport maritimes hexagonales, une étude américaine sur les achats d'armements par le ministère français de la Défense...

Conscient du risque que les frappes de drones américaines font peser sur ses cadres, Ben Laden demande de ne pas communiquer par e-mail, de ne pas se rassembler en groupes importants, et s'inquiète du risque de trouver des puces électroniques cachées dans les vêtements de sa femme.

Le président Barack Obama a appelé à une "plus grande transparence" autour des pièces saisies au Pakistan, et le Congrès a voté une loi contraignant les services de renseignement à examiner lesquels des documents peuvent être publiés, a rappelé Jeff Anchukaitis. Il n'est toutefois pas possible de vérifier indépendamment l'origine des documents ni la qualité de la traduction.

Avec AFP et Reuters