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Macédoine : les partisans du Premier ministre manifestent en force

Les pro-pouvoir se sont rassemblés en masse, lundi soir, dans les rues de la capitale de Macédoine, tandis qu'un millier d'opposants au Premier ministre, qui réclament sa démission, ont protesté devant le siège du gouvernement.

Quelque 30 000 partisans du Premier ministre de Macédoine, Nikola Gruevski, ont défilé dans la soirée de lundi 18 mai dans les rues de Skopje. À deux kilomètres de là, devant le siège du gouvernement, un millier de protestataires anti-pouvoir, qui réclament la démission du chef du gouvernement et l’accusent de corruption, étaient rassemblés.

Scandant "Macédoine, Macédoine" et "Nikola, Nikola", les pro-pouvoir ont afflué vers l'esplanade du Parlement, où un rassemblement devait avoir lieu dans la soirée.

Dimanche, l'opposition de gauche, qui accuse également le chef du gouvernement, au pouvoir depuis neuf ans, d'écoutes illégales à grande échelle, avait réuni plus de 20 000 personnes, selon des estimations de journalistes sur place.

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Le chef de l'opposition, Zoran Zaev, exige un gouvernement de transition avec pour objectif d'organiser des élections législatives anticipées.

Pas de démission en vue

"Je suis venu car mon pays est menacé. Des nuages sombres se sont amassés et nous sommes venus les disperser", disait en brandissant un drapeau macédonien, Tode Mladenovski, un quinquagénaire partisan du Premier ministre.

"Zaev perd son temps. Même en cas d'élections anticipées, il les perdrait", a lancé pour sa part, Vlatko Aleksov, la trentaine.

"Si la manifestation est un succès, il (le Premier ministre, NDLR) continuera à gouverner de dépit de la réalité et des nouvelles circonstances", estime l’analyste politique Alajdin Demiri. "Pour Gruevski, la notion de démission n'existe pas", ajoute l'expert, selon qui le Premier ministre est "un nationaliste qui dirige d'une main de fer tout en ayant parrainé une corruption inimaginable".

Nikola Gruevski, qui a été reconduit au pouvoir pour un mandat de quatre ans lors des législatives anticipées d'avril 2014, a affirmé qu'il n'entendait aucunement démissionner sous la pression de la rue. Il a ajouté, sans avancer de preuves, que derrière l'opposition se cachaient des services secrets étrangers. Il accuse également l'opposition d'"espionnage" et de vouloir "déstabiliser le pays".

Il a néanmoins sacrifié trois proches collaborateurs mis en cause par l'opposition, qui ont présenté leur démission.

Négociations

La Macédoine, ex-république yougoslave de 2,1 millions d'habitants, dont une majorité de Slaves et un quart d'Albanais, est en proie depuis le début de l'année à une grave crise politique opposant les principales formations slaves.

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Lundi, les dirigeants des quatre principaux partis en Macédoine, pouvoir et opposition confondus, se sont réunis, en présence de l'ambassadeur des États-Unis en Macédoine et du chef de la mission de l'Union européenne, pour tenter de résoudre la crise politique.

"Nous nous rencontrerons demain à Strasbourg au Parlement européen. Si de nouvelles idées se présentent, nous aurons un progrès", a déclaré l’opposant Zoran Zaev à l'issue de l'entretien. "Nous croyons au dialogue et demandons des garanties de la communauté internationale quant à la mise en œuvre de ce qui aura été convenu", a-t-il ajouté.

Une première réunion regroupant les principaux acteurs de la crise politique avait été organisée, sous pression internationale, juste après les violences meurtrières des 9 et 10 mai entre forces de l'ordre macédoniennes et un commando d'origine albanaise à Kumanovo (nord) ayant fait 18 morts (dont huit policiers).

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Avec AFP