
Les 28 ont adopté, lundi, un texte proposant des mesures concrètes contre les passeurs de migrants en Méditerranée. L'Union européenne devra toutefois attendre une résolution de l'ONU afin d'agir précisément.
Après une série de naufrages de migrants en Méditerrannée, l’Union européenne prend des mesures concrètes contre les passeurs. Une opération navale sans précédent pour combattre le trafic de clandestins a été mise sur pied lundi 18 mai, a annoncé la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.
"La décision établissant une opération navale de l'UE afin de casser le ‘business model’ des réseaux de passeurs et trafiquants en Méditerranée vient d'être prise", a-t-elle indiqué sur son compte Twitter.
Le texte a été adopté par les 28 ministres des Affaires étrangères de l'UE, après une réunion avec leurs homologues de la Défense. Il présente prudemment plusieurs étapes pour le déploiement de cette mission, afin de garantir que les opérations des marines européennes engagées respectent bien le droit international.
Lors d'une conférence de presse, Federica Mogherini a déclaré : "Maintenant, les préparatifs démarrent. J'espère que tout sera prêt pour lancer l'opération dès juin", une fois fixées les contributions en personnel et moyens des États membres. "C'est un cas d'urgence... Avec l'été, nous devons nous attendre à encore plus d'arrivées".
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Elle a toutefois insisté sur la nécessité d'une "résolution sous le chapitre 7" des Nations unies afin de donner un "cadre juridique" incontestable à la mission. En effet, sans l'aval de l'Onu, les Européens ne pourront pas intervenir dans les eaux territoriales libyennes pour saisir les bateaux des passeurs.
Mais l'UE peut déjà utiliser des navires, des drones et des hélicoptères pour recueillir des renseignements sur les réseaux de passeurs.
Pas de vote de l’ONU avant la fin de semaine
Le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, a appelé l'Union à agir vite, en partie parce que des djihadistes du groupe État islamique (EI) pourraient "chercher eux aussi à se cacher, à se fondre parmi les migrants" dans le but de s'introduire en Europe.
Le vote d’une résolution à l’ONU ne devrait pas intervenir avant la fin de la semaine, selon une source européenne. Federica Mogherini s'est montrée optimiste lundi matin, assurant n'avoir rencontré "aucune résistance politique majeure" quand elle a plaidé en faveur du projet au Conseil de sécurité il y a une semaine.
Le quartier général de la mission navale européenne sera installé à Rome, l'Italie étant le pays qui reçoit le plus de migrants clandestins.
Si l'ONU le leur permet, les Européens veulent pouvoir "arraisonner, fouiller et capturer" des navires suspectés de servir au trafic, et aussi les forcer à changer de cap, en haute mer mais aussi dans les eaux territoriales libyennes. Ils veulent aussi "se débarrasser de" navires et d'autres "actifs" des trafiquants, ou les "rendre inutilisables", selon le texte.
L'Union européenne espère aussi obtenir "le consentement" préalable des autorités de Libye, alors que ce pays, devenu la principale plateforme de l'immigration, est plongé dans un chaos sécuritaire et politique, avec deux parlements et gouvernements rivaux.
Avec AFP et Reuters