Selon le site Mediapart, la commandante de police en charge de l'enquête sur l'affaire Kerviel a affirmé lors d'une récente audition que la Société générale avait été alertée des agissements de l'ex-courtier en 2007.
C’est un rebondissement de taille dans l’affaire Kerviel. Selon le site Mediapart, la commandante de police en charge de l'enquête sur les pertes de Société générale début 2008, Nathalie Le Roy, a expliqué lors d’une audition devant la justice le 9 avril que des éléments montrent que plusieurs dirigeants de la banque étaient au courant des agissements de l'ex-trader Jérôme Kerviel.
Nathalie Le Roy, qui a quitté la PJ il y a quelques mois, a mentionné à cette occasion le témoignage d'un ancien salarié de la Société générale. Selon elle, ce dernier, qui opérait au sein de l'entité "risques opérationnels lui a assuré que "l'activité de Jérôme Kerviel était connue" et affirmé avoir alerté, en avril 2007, Claire Dumas, adjointe au directeur des risques opérationnels, et d'autres par le biais d'un message électronique "avec une tête de mort pour attirer leur attention".
"À l'occasion des différentes auditions et des différents documents que j'ai pu avoir entre les mains, j'ai eu le sentiment puis la certitude que la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer les positions prises par ce dernier", aurait déclaré Nathalie Le Roy, comme le rapporte Mediapart.
"Je ne me suis jamais manifestée pour ne pas interférer dans le cours de la justice, mais j'avoue que ma convocation aujourd'hui m'apporte un soulagement. Je me suis très longtemps remise en question", aurait-elle également ajouté. Nathalie Le Roy a aussi exprimé le sentiment d’avoir été instrumentalisée par la Société générale qui lui a adressé "les personnes qu'elle juge bon d'être entendues."
La commandante de police a été auditionnée par le juge d'instruction Roger Le Loire dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en juin 2014 pour "escroquerie au jugement", "faux" et "usage de faux" à la suite de plaintes déposées par l'ex-courtier. De source policière haut placée, on invite toutefois à prendre les déclarations "sans doute sincères" de Nathalie Le Roy avec la plus grande prudence, selon l’AFP.
Un nouveau procès au civil
Jérôme Kerviel a été condamné à cinq ans de prison dont trois ferme pour une perte record en 2008 dans le cadre de ses activités à la banque. Lorsque ses positions ont été découvertes, en janvier 2008, Jérôme Kerviel avait exposé la banque à hauteur de 50 milliards d'euros.
La Société générale a toujours affirmé qu'en soldant ces positions au plus vite pour ne pas risquer la faillite, elle avait enregistré une perte de 6,3 milliards d'euros, dont a été déduit le gain de 1,4 milliard réalisé par Jérôme Kerviel en 2007.
Un nouveau procès civil doit se tenir du 20 au 22 janvier 2016 pour établir la répartition des responsabilités dans cette perte, la banque ayant reconnu avoir failli sur le plan des contrôles.
S'appuyant sur ce nouveau témoignage, Jérôme Kerviel a saisi, la semaine dernière, la Commission d'instruction de la Cour de révision et de réexamen des condamnations pénales pour contester sa condamnation pénale à cinq années d'emprisonnement, dont trois ferme, devenue définitive en mars 2014.
Avec AFP et Reuters