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Législatives au Royaume-Uni : un scrutin fatal à trois des principaux leaders du pays

Derrière la victoire écrasante du parti de David Cameron aux législatives, c’est tout un paysage politique qui est en passe de se redessiner au Royaume-Uni. Trois principaux dirigeants politiques ont démissionné après le raz-de-marée conservateur.

Victoire écrasante des conservateurs, raz-de-marée nationaliste en Écosse, violents camouflets pour les travaillistes, les Lib-Dem et les europhobes de Ukip : les résultats du scrutin législatif au Royaume-Uni ont pris des allures de séisme politique, vendredi 8 mai.

Défiant tous les sondages, le conservateur David Cameron est en effet sorti grand vainqueur des urnes, remportant au moins 329 sièges à la Chambre des communes. Balayant ses adversaires, le Parti conservateur s’est assuré une confortable majorité absolue, qui devrait permettre au Premier ministre de former un gouvernement sans avoir recours à une coalition.

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Autre victoire retentissante de cette élection : celle des indépendantistes écossais du SNP qui ont raflé 56 des 59 sièges de députés en jeu dans leur région autonome, jusqu'ici considérée comme un fief travailliste inexpugnable. "Les plaques tectoniques de la politique écossaise ont glissé", s'est enthousiasmée Nicola Sturgeon, à la tête du parti et chef du gouvernement régional écossais, usant de la métaphore pour décrire l'effondrement du Labour en Écosse.

Ces deux triomphes ont laissé un paysage politique britannique en lambeaux, trois des quatre principaux leaders politiques ayant quitté leur fonction, vendredi. Même au Royaume-Uni, où il est culturellement admis qu’un responsable politique démissionne après une défaite ou un scandale, la situation a de quoi surprendre.

Une "journée sombre" pour les travaillistes

Principales victimes de ce séisme, les travaillistes ont enregistré leur plus lourde défaite depuis trois décennies. Le Labour a remporté 232 sièges, soit 26 de moins qu'en 2010.

Tirant les leçons du scrutin, le leader Ed Miliband, à la tête des travaillistes depuis cinq ans, a annoncé sa démission. "Ce n'est pas le discours que je voulais prononcer", a-t-il déclaré en introduction de son allocution devant la presse et de nombreux partisans, avant d'assumer l'"entière responsabilité de la défaite" et de s'excuser de son échec, en particulier auprès des candidats mis en déroute. "Le Royaume-Uni a besoin d'un parti travailliste fort. Il est temps qu'un nouveau leader prenne le relais", a affirmé le désormais ancien leader de 45 ans.

Defeats are hard, but we’re a party that will never stop fighting for the working people of this country.

— Ed Miliband (@Ed_Miliband) 8 Mai 2015

Il a ajouté confier l'intérim à la vice-présidente du Labour, Harriet Harman, dans l'attente de l'organisation d'un scrutin pour élire son successeur. "Aujourd'hui est une journée sombre. Mais le combat continue. Le Labour continuera de défendre les travailleurs", a-t-il encore affirmé avant de remercier ses équipes, ses électeurs et ses fans sur Twitter.

Ed Balls, le bras droit de Miliband, Jim Murphy, le patron du Labour en Écosse, et Vince Cable, l’ancien ministre lib-dem du Commerce font, eux aussi, partie des victimes de marque d'un scrutin assassin.

Des résultats dévastateurs pour les Lib-Dem et Ukip

Autres grands perdants : les libéraux-démocrates, alliés des conservateurs dans le gouvernement sortant, étaient, vendredi, menacés de finir avec moins de 10 députés, contre 56 préalablement. Leur leader Nick Clegg, 48 ans, a annoncé dans la matinée sa démission de la tête du parti, qu’il dirigeait depuis 2007, admettant des résultats "dévastateurs" pour sa formation.

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Le parti europhobe Ukip a lui aussi enregistré un échec cuisant en ne remportant qu’un seul siège. Le chef de file, Nigel Farage, s'est dit "soulagé d'un grand poids sur les épaules" après sa défaite dans la circonscription de South Thanet, dans son Kent natal. Aux commandes de Ukip depuis 2006 – avec une courte pause entre 2009 et 2010 -, il a démissionné quelques minutes plus tard, mettant à exécution sa promesse de "tirer le rideau" en cas d'échec.

Nigel Farage n’a cependant pas exclu de briguer une nouvelle fois la présidence du parti. "Il y aura une élection pour choisir le prochain leader de l'Ukip en septembre et j'envisagerai pendant l'été de présenter ma candidature pour exercer de nouveau ces fonctions", a-t-il déclaré à la presse.

Avec AFP et Reuters