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Les Russes claquent la porte des discussions avec la Géorgie

Gênés par l'absence des Abkhazes à Genève, où se tenaient des discussions sur la sécurité dans le Caucase, les délégations russe et sud-ossète ont décidé de quitter la réunion. Au beau milieu des débats.

AFP - Les Russes ont claqué la porte lundi des "discussions" avec la Géorgie organisées à Genève, mettant en avant l'absence d'un des participants, l'Abkhazie, une des deux régions séparatistes géorgiennes au coeur du conflit d'août 2008.

"Les Russes sont partis au milieu des discussions ainsi que les Ossètes" du sud, a expliqué à l'AFP une source proche du processus. "Ils ont estimé que cela n'avait pas de sens de discuter sur la sécurité dans le Caucase sans les Abkhazes", a-t-elle ajouté.

L'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, les deux régions géorgiennes auto-proclamées indépendantes avec le soutien de Moscou, participent aux discussions de Genève engagées depuis octobre sous l'égide de l'Union européenne, de l'ONU et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à la demande expresse de la Russie.

Mais la partie abkhaze avait annoncé samedi son intention de boycotter le processus prévu par les accords de paix de septembre, en raison d'un différend avec les Nations Unies.

Malgré cette annonce, les organisateurs de la rencontre de deux jours avaient décidé de maintenir les discussions de lundi.

Elles n'ont finalement pas tenu deux heures, les Ossètes quittant les premiers la salle, suivis peu après par la délégation russe.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a expliqué que "les conditions de base qui devaient garantir la tenue de ce round de discussions n'(avaient) pas été respectées".

En conséquence, la délégation russe a "proposé de prendre une pause jusqu'à demain" mardi, a-t-il poursuivi.

L'issue dépend désormais de la décision abkhaze qui attend la publication, attendue lundi soir, d'un rapport de l'ONU sur son statut. La Russie est un des rares pays au monde à avoir reconnu l'indépendance de l'Abkhazie qui compte peser de tout son poids pour obtenir les faveurs des Nations Unies.

Les coprésidents des discussions, reconnaissant "regretter profondément le départ des participants russes" et ossètes, se sont raccrochés à l'espoir d'une reprise mardi.

Ils ont indiqué dans un communiqué travailler "à une reprise des discussions demain matin (mardi) comme prévu" et "appellent tous les participants à être présents".

De leur côté, les Géorgiens n'ont pas attendu pour mettre Moscou en accusation.

"Cette décision honteuse constitue une nouvelle violation des accords européens de cessez-le-feu et de la dernière résolution de l'ONU", a commenté à l'AFP le chef de la délégation géorgienne, Giga Bokeria. "La Russie continue de faire chanter la communauté internationale en poursuivant une diplomatie de style soviétique", a-t-il ajouté.

Ce nouveau rebondissement révèle à quel point le processus de discussions sur la sécurité et le sort des réfugiés autour de la Géorgie demeure précaire, fragilisé par les relations délétères entre Moscou et Tbilissi.

Les dernières passes d'armes entre les deux capitales début mai avaient fait craindre de nouvelles tensions, d'autant que l'accord sur un mécanisme de prévention des incidents sur le terrain arraché en février était également resté lettre morte.

Le processus reste à chaque fois "un coup de poker", avait concédé vendredi une source proche des discussions.

Les relations entre la Russie et la Géorgie ont pris un tour belliqueux après l'offensive lancée début août par Tbilissi pour tenter de reprendre le contrôle de son territoire séparatiste d'Ossétie du Sud, soutenu par Moscou. Cette mesure avait provoqué l'envoi massif de troupes russes en Géorgie.