Malgré les mises en garde d’Israël et une sécurité renforcée après l’attaque du Bardo, le pèlerinage juif de la Ghriba se déroule dans une ambiance festive et œcuménique sur l’île de Djerba, dans le sud de la Tunisie. Reportage.
Le pèlerinage juif de la Ghriba, en Tunisie, a commencé le 6 mai dans une ambiance festive en dépit d'une mise en garde d'Israël contre des projets d'attaques sur le sol tunisien et une vigilance accrue après l'attentat du Bardo. Au milieu des youyous et des chants, près de 200 pèlerins se sont rendus dans cette synagogue de Djerba, la plus ancienne d'Afrique.
Plusieurs ministres tunisiens ont également fait le déplacement. "Chacun est libre de choisir et pratiquer sa religion, et de vivre en paix et en sécurité", a assuré à France 24 Othman Battikh, ministre des Affaires religieuses. "On s'attendait à plus de pèlerins mais nous sommes très heureux d'accueillir ceux qui sont venus", a déclaré de son côté la ministre du Tourisme, Salma Rekik Elloumi.
Une dizaine d'Israéliens ont fait le déplacement
L'affluence reste en effet loin des quelque 8 000 personnes qui se pressaient avant l'attentat-suicide de 2002, qui avait fait 21 morts dont une majorité de touristes allemands à la Ghriba. En plus des pèlerins tunisiens, seules quelques centaines de personnes sont venues de France, d'Italie, de Grande-Bretagne et des États-Unis.
Une dizaine d’Israéliens ont également fait le déplacement, malgré les mises en garde de leur Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, qui a assuré avoir des informations faisant état de projets d'attentats terroristes contre des objectifs israéliens ou juifs en Tunisie. "Un ami installé ici m'a encouragé à venir et m'a dit que la Tunisie était un pays libre. Je l'ai écouté et me voilà", témoigne un rabbin israélien, sans donner son nom.
Des traditions millénaires
Les pèlerins ont prié, allumé des bougies et déposé des œufs barrés de vœux dans une cavité au fond du lieu de culte. Une tradition spécifique de la Ghriba respectée des juifs mais également de certains musulmans. " Je suis venue faire un vœu et j'espère que Dieu l'exaucera. Un vœu écrit sur un œuf ou formulé autrement, peu importe, du moment que Dieu le réalise", témoigne Rahma, de confession musulmane.
Un message de paix et de cohabitation entre les religions, dans une Tunisie qui tente de panser les plaies de l’attentat du 18 mars au musée du Bardo, dans lequel 21 touristes étrangers et un policier tunisien ont été tués.