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Burundi : le président Pierre Nkurunziza autorisé à briguer un troisième mandat

La Cour constitutionnelle du Burundi a autorisé Pierre Nkurunziza à briguer un troisième mandat présidentiel. Depuis neuf jours, la contestation fait rage contre une nouvelle candidature du président.

La crise risque de s'envenimer au Burundi. La Cour constitutionnelle a validé mardi 5 mai la candidature controversée du chef de l'État Pierre Nkurunziza à un troisième mandat présidentiel.

"La Cour dit de droit que le renouvellement une seule et dernière fois de l'actuel mandat présidentiel au suffrage universel direct pour cinq ans n'est pas contraire à la Constitution du Burundi", dit l'arrêt signé par six juges sur sept. Le vice-président de la Cour a refusé de signer, et fui le pays, dénonçant des "pressions" sur la Cour pour qu'elle valide la candidature.

Au neuvième jour de contestation dans le pays, Sylvère Nimpagaritse a ainsi assuré, lors d'un entretien réalisé avant qu'il ne quitte le Burundi, que les juges de la Cour s'étaient vu pressés, par de hauts responsables qu'il a refusé de nommer, de signer un arrêt "imposé de l'extérieur", validant la candidature de Pierre Nkurunziza.

"En mon âme et conscience, j'ai décidé de ne pas apposer ma signature sur un arrêt, une décision qui carrément est à côté de la loi et qui a été imposée de l'extérieur, qui n'a rien de juridique", a expliqué à l'AFP Sylvère Nimpagaritse.

Il a également assuré qu'une majorité des sept juges de la Cour estimaient initialement inconstitutionnelle la candidature controversée, mais que ceux-ci avaient subi "d'énormes pressions et même des menaces de mort" pour changer d'avis.

Désaccords sur l'interpétation de la Constitution

La décision de la haute juridiction burundaise est censée trancher la question et mettre fin à une dizaine de jours de contestation contre la candidature à la présidentielle du 26 juin du président Nkurunziza, élu en 2005 et réélu en 2010. Les violences ont fait lors 13 morts, dont dix protestataires. Les opposants à cette candidature estiment qu'elle est contraire à la Constitution et à l'Accord d'Arusha de 2000, qui a ouvert la voie à la fin de la longue guerre civile burundaise (1993-2006) et posé les bases des actuelles institutions. La Constitution, comme l'Accord d'Arusha, limitent à deux le nombre de mandats présidentiels.

Mais les partisans du chef de l'État estiment que le premier mandat de Pierre Nkurunziza, élu par le Parlement en 2005 comme premier président de l'après-transition, au titre d'un article transitoire de la Constitution, n'entre pas dans le champ de l'article 96 de la Loi fondatementale qui prévoit l'élection au suffrage direct et stipule que le mandat présidentiel n'est renouvelable qu'une fois.

Dans un geste d'apaisement, le gouvernement burundais a annoncé, juste après la décision de la Cour constitutionnelle, qu'il était prêt à libérer les manifestants arrêtés et rouvrir les radios fermées depuis le début de la contestation si les manifestations cessaient.

Avec AFP