
À la suite de l'enquête sur la mort de Freddie Gray, six policiers de Baltimore seront poursuivis devant la justice. Mais cette décision n'a pas complètement suffi à apaiser Baltimore, théâtre de manifestations depuis la mort du jeune homme.
L’annonce des poursuites contre six policiers de Baltimore, dont quatre devront répondre devant la justice de l’accusation de meurtre de Freddie Gray, n’a pas suffi à éteindre la colère. Vendredi soir, des manifestants ont bravé le couvre-feu pour protester contre la mort de ce jeune homme de 25 ans, blessé dans un fourgon de police le 12 avril.
Plusieurs personnes, qui avaient formé un cordon devant les forces de l’ordre, ont été arrêtées devant l’Hôtel de ville, alors que le reste de la ville était calme et clairsemé. "Les officiers de police ont interpellé des manifestants qui refusaient de quitter les lieux après l'entrée en vigueur du couvre-feu", a déclaré le département de la police de Baltimore dans un tweet.
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Depuis la mort de Freddie Gray, Baltimore est le théâtre de manifestations quotidiennes qui ont viré lundi aux émeutes. Depuis, un couvre-feu a été mis en place et plusieurs milliers de militaires de la Garde nationale ont été déployés dans les rues de la ville. Une présence que nombre d’habitants ne supportent plus : "Arrêtez l'occupation de Baltimore", ont lancé vendredi des manifestants à l’égard des policiers.
Réactions clivées après la décision du procureur Mosby
D'autres brandissaient des pancartes où était inscrit : "Merci madame Mosby", du nom de la procureure du Maryland qui a annoncé plus tôt dans la journée des poursuites contre les six policiers. Dans le quartier de Baltimore le plus touché par les émeutes, les habitants ont accueilli la décision de Marilyn Mosby avec des cris de joie. La famille a également remercié "la procureure et son équipe pour leur courage sans précédent, et leur réponse mesurée et professionnelle à cette crise", a déclaré l'avocat de la famille, William Murphy.
L'avocat du syndicat des policiers a, de son côté, dénoncé une décision précipitée. "Je n'ai jamais vu un tel empressement à engager des poursuites", a dénoncé Michael Davey, un ancien policier devenu avocat du syndicat de l'Ordre fraternel de la police de Baltimore, qui représente les six policiers. "Nous sommes convaincus que ces agents seront exonérés, car ils n'ont rien fait de mal", a-t-il dit, en ajoutant qu'il "espérait [que l'enquête] soit suivie par un procureur indépendant".
Des médias ont publié les photos des six policiers inculpés, dont trois sont noirs. Cinq d'entre eux sont en détention, selon la maire de Baltimore, Stephanie Rawlings-Blake. Six selon des médias locaux.
Une "blessure" fatale
Selon l'enquête et l'autopsie, Freddie Gray est mort d'une "blessure qui lui a été fatale alors qu'il ne portait pas de ceinture dans le fourgon de police où il avait été embarqué et qui s'est arrêté à trois reprises", a précisé la procureure lors d'une conférence de presse.
"Quand Freddie Gray a été arrêté, il a été menotté mains dans le dos. Il a eu des difficultés à respirer et a demandé en vain des médicaments", a raconté Mme Mosby, précisant que les policiers, après l'avoir fait asseoir, avaient "trouvé un couteau dans son pantalon". Mais, selon elle, ils "n'ont pu fournir aucune justification" à cette arrestation et de ce fait, trois policiers sont poursuivis pour l'avoir arrêté "illégalement".
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Le drame de Baltimore et celui similaire de Ferguson, ont réveillé les tensions raciales latentes aux États-Unis entre la communauté noire et la police. Dans la grande majorité des cas de bavures, les policiers ont échappé à des poursuites.
Avec AFP