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Trois morts et dix blessés dans la capitale burundaise au sixième jour des manifestations

Au sixième jour des manifestations, vendredi, des attaques à la grenade à Bujumbura, capitale du Burundi, ont tué deux policiers et un civil. Selon le gouvernement, il s'agit d'une "entreprise terroriste".

À Bujumbura, si la journée du 1er mai s'était déroulée sans heurts, la soirée de vendredi a dégénéré. Deux policiers et un civil ont été tués vendredi soir par des attaques à la grenade dans la capitale burundaise. Dix personnes ont également été blessées. 

Samedi, le gouvernement burundais a qualifié ces violences "d'entreprise terroriste" et relié leurs auteurs aux manifestants qui battent le pavé à Bujumbura depuis une semaine. Les auteurs "ont utilisé des grenades et des fusils, nous les lions à ceux qui disent manifester" à Bujumbura, car "ils considèrent la police, qui est en train de ramener la paix et la sécurité, comme leur ennemi", a dénoncé le ministre de la Sécurité publique, le général Gabriel Nizigama. "On ne savait pas que ces manifestations cachaient une entreprise terroriste", a-t-il ajouté.

Le ministre burundais de la Défense a lui joué l'apaisement. Réaffirmant la neutralité de l'armée, il a demandé samedi que cessent les atteintes aux droits constitutionnels des Burundais. Le général Pontien Gaciyubwenge a appelé "les acteurs politiques" à "éviter tout comportement indigne, et action de nature à replonger le pays dans le sombre passé qu'il a vécu", faisant allusion à la guerre civile qui a opposé entre 1993 et 2006 l'armée tutsi aux groupes rebelles hutus.

Bujumbura a connu six jours consécutifs de manifestations contre la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat consécutif lors de l’élection du 26 juin, une candidature que l’opposition juge contraire à la constitution, comme à l’accord de paix d’Arusha, qui a mis fin à la guerre civile en 2005.

Une sévère répression

Les organisateurs des manifestations avaient pourtant décrété vendredi en fin de journée une trêve de deux jours "pour permettre à ceux qui ont perdu des membres de leur famille dans les manifestations d’observer une période de deuil, ensuite parce que nous voulons que les manifestants reprennent de l’énergie avant de reprendre le combat lundi", a déclaré Pacifique Nininahazwe, chef de file du Focode, l’une des 300 organisations et associations qui ont appelé à descendre dans la rue.

Les manifestations et leur répression, à l’approche des élections, ont poussé plus de 26 000 Burundais à fuir le pays pour se réfugier au Congo ou au Rwanda, selon les autorités. Les Nations unies, qui ont exprimé leur inquiétude face à l’utilisation de balles réelles dans la répression des manifestations, jugent "crédibles" les informations selon lesquelles des manifestants arrêtés ont été battus et sont détenus dans des prisons surpeuplées.

Des tensions politiques aux violences ethniques ?

Les partisans de Pierre Nkurunziza assurent qu’il peut briguer un nouveau mandat présidentiel, car le premier d’entre eux ne résultait pas d’une élection mais d’une désignation par le Parlement. Une thèse rejetée par les États-Unis, qui considèrent sa candidature comme une violation des accords d’Arusha.

La crise politique burundaise est surveillée avec attention dans la région, toujours marquée par le génocide de 1994 au Rwanda voisin, qui a fait plus de 800 000 morts. Des diplomates craignent en effet de voir les tensions politiques dégénérer en violences interethniques. Le Burundi, comme le Rwanda, est peuplé de Tutsis et de Hutus.

Avec AFP