La Cour suprême, plus haute juridiction des États-Unis, se penche mardi sur la constitutionnalité des mariages homosexuels. Un examen qui pourrait, selon nombre d’observateurs, aboutir à la reconnaissance du mariage pour tous à l'échelle du pays.
Ce pourrait être un nouveau tournant dans l’histoire des droits civiques américains. Mardi 28 avril, la Cour suprême se réunit à Washington pour examiner la constitutionnalité du mariage pour tous aux États-Unis et dire, pour la fin juin, si des États ont le droit de refuser aux homosexuels l'accès au mariage.
Pendant deux heures et demie, les neuf juges entendront les arguments des partisans et des adversaires de l’union homosexuelle sur les restrictions imposées actuellement dans les États du Michigan, du Kentucky, de l'Ohio et du Tennessee.
Ces quatre États, soutenus par nombre d'organisations religieuses et conservatrices, définissent le mariage comme l'union entre un homme et une femme. Ils refusent de marier des hommes entre eux ou des femmes entre elles et ne reconnaissent pas le mariage homosexuel lorsqu'il a été légalement célébré ailleurs. Des restrictions que les couples homosexuels jugent discriminatoires. Pour ces derniers, les quatre États violent ainsi leur liberté de voyager en refusant de reconnaître leur mariage lorsqu'il a été légalement célébré.
"C'est vraiment douloureux de voir que la promesse que nous nous sommes faite de prendre soin l'un de l'autre n'est même pas reconnue ici", déplorent à l’AFP Thom et Ijpe, un couple vivant dans le Tennessee, où leur mariage, célébré en 2011 à New York, n’est pas reconnu.
Une opinion publique acquise
Trente-sept des 50 États américains, ainsi que la capitale Washington (district de Columbia), autorisent aujourd'hui le mariage gay, souvent à la suite de décisions de justice. Les arrêts prononcés par la Cour suprême ces deux dernières années laissent également augurer d'une décision favorable à la reconnaissance de la légalité de ce type d'union sur tout le territoire national, d'autant qu'une grande partie de l'opinion publique a basculé en faveur du mariage gay au cours de la dernière décennie.
En mai 2012, après des mois de tergiversations, Barack Obama s’était lui-même dit favorable au mariage gay, devenant ainsi le premier président américain en exercice à se prononcer en faveur de sa légalisation. "Pour moi, à titre personnel, il est important de dire que je pense que les couples du même sexe doivent pouvoir se marier", avait-il affirmé sur la chaîne ABC, tout en soulignant que c'était aux États américains de se déterminer.
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Accueillis avec ferveur par les défenseurs des droits des homosexuels, les propos du chef de l’État amércain furent presque immédiatement suivis par une série de décisions allant dans son sens. Un an plus tard, fin juin 2013, la Cour suprême abrogeait en effet une partie d'une loi fédérale de 1996 définissant le mariage comme l'union entre un homme et une femme, ouvrant de facto les droits fédéraux à la retraite, à la succession ou aux abattements fiscaux à tous les couples légalement mariés, qu'ils soient hétérosexuels ou homosexuels. À cette occasion, Anthony Kennedy, l’un des juges issus des rangs conservateurs, avait déploré que la loi américaine ne mette pas le mariage homosexuel sur un pied d'égalité avec le mariage hétérosexuel.
De fait, depuis 1996, la plus haute juridiction du pays a confirmé toutes les décisions judiciaires en faveur des unions des couples de même sexe, "ce qui rend une marche arrière vraiment difficile", estime à l’AFP Steven Schwinn, professeur de la John Marshall Law School.
Impatients de voir l'un des plus importants débats dans la société américaine basculer en leur faveur, des centaines de militants des deux camps étaient réunis devant le temple de la justice. Révélateur du caractère historique de cet examen à la Cour suprême : un record de plus de 150 argumentaires y ont été déposés. Soixante-dix-huit soutiennent les plaignants homosexuels, dont l'administration Obama ; soixante-sept prennent position pour les quatre États, dont la Conférence des évêques des États-Unis.
Avec AFP et Reuters