
Désignée par le magazine "Time" comme l’une des 100 personnalités les plus influentes au monde pour la seconde fois, la présidente du FN s'est rendue cette année au gala organisé par la publication américaine. En 2011, elle avait refusé.
Marine Le Pen était à New York le 21 avril pour participer au prestigieux gala du "Time" au Jazz at Lincoln Center. À l’honneur, les 100 personnes jugées les plus influentes au monde en 2015 par le magazine. Cette année, Marine Le Pen a fait le déplacement et à en juger par ses photos, elle n'en fut pas déçue. En 2011 pourtant déjà, la présidente du Front national (FN) avait figuré sur la liste du "Time", mais au lieu de s'embarquer pour les États-Unis, elle avait décliné l’invitation.
La nomination de 2015 est sans doute plus politique que celle de 2011. Aujourd’hui, "c'est un symbole qu'outre-Atlantique on considère que le Front national est un mouvement sérieux, un mouvement de gouvernement, et que peut-être dans quelques mois il y aura en France des changements importants", a expliqué Marine Le Pen à son arrivée au gala.
Importance politique plus grande, résultats électoraux, le "Time" lui acquiesce. "Il y a un peu moins d’un an, écrit la correspondante du magazine à Paris, Vivienne Walt, Marine Le Pen expliquait au 'Time' que son Front national serait au pouvoir dans les 10 ans. Sa prédiction ne semble plus absurde."
Le FN ne semble pourtant pas en passe de l’emporter en 2017. Deux études des instituts IFOP et CSA, publiés fin janvier 2015, donnent en effet Marine Le Pen perdante au deuxième tour, si elle y parvient, quel que soit son adversaire. Comme c’était le cas dans les sondages de 2012.
Une invitation qui tombe à pic
Face à ses résultats néanmoins encourageants, la fille de Jean-Marie Le Pen semble avoir plus de mal à résister aux sirènes médiatiques, surtout lorsqu’elles la consacrent comme une personnalité politique incontournable. "Cela illustre bien les contradictions père-fille au FN, explique Dominique Wolton, spécialiste de la communication politique. Une hésitation entre un parti contre le système, hors de la société, et une progressive assimilation par le système. Lorsqu’on a du succès, il est difficile de rester à la marge."
La stratégie de dédiabolisation du FN semble donc avoir obtenu un certain succès outre-Atlantique. La professeure de littérature Cécile Alduy, auteur de "Marine Le Pen prise aux mots" (Seuil, 2015), confiait récemment à "Paris Match" : "Marine Le Pen est à un moment-clé (de son ascension politique) : cela devient de plus en plus difficile pour elle d’être assez radicale pour demeurer la candidate anti-système, tout en restant assez modérée pour ne pas être taxée d’extrémisme."
L’invitation du "Time" tombe à point nommé : après les heurts violents avec son père, elle a pu s’en détacher, tournant le dos aux relents d’antisémitisme du fondateur du FN, et s'afficher à l’étranger. "Pour elle, qui a une aura internationale assez faible, l’occasion tombe à pic pour prouver qu’elle existe aux yeux du monde", juge Pierre Firtion, du service politique de RFI et spécialiste du FN. "Elle est déjà en campagne pour 2017 donc elle saisit toutes les occasions qui peuvent la rendre respectable."
Marie Le Pen aura tout de même réussi à soulever un doute sur sa supposée influence internationale en déclarant lors de la soirée de mardi : "Oh non, je ne parle pas anglais, je suis Française !"