
Le Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi doit rencontrer mardi Barack Obama à la Maison Blanche. Il va demander davantage de soutien de Washington, en raids et en armes, dans le "long" combat commun contre les jihadistes de l'EI.
Plus de raids et plus d'armes. C'est en substance ce que va demander Haïdar al-Abadi à Barack Obama, qui le reçoit mardi 14 avril à la Maison Blanche. Le Premier ministre irakien veut réclamer plus de soutien de la part de Washington pour leur "long, long" combat commun contre l'organisation de l'État islamique (EI).
Les Irakiens demandent à Washington "une augmentation significative des raids aériens et des livraisons d'armes", a ainsi déclaré Haïdar al-Abadi avant de s'envoler vers les États-Unis. Il y a déjà eu une augmentation des frappes "mais nous voulons plus", a-t-il dit.
Les mois qui viennent s'annoncent cruciaux
Pour le dirigeant irakien, les mois à venir s'annoncent cruciaux. Cette demande survient en effet au moment même où l'armée irakienne a lancé une contre-offensive dans la province d'Anbar, à l'ouest de Bagdad, où l'EI a pris la semaine dernière le contrôle de deux secteurs des faubourgs nord de la capitale provinciale, Ramadi.
L'analyse du Général Trinquand sur France 24
La reconquête de la ville stratégique de Tikrit, annoncée fin mars, a certes été une étape importante. Mais cette bataille, plus grande opération lancée par Bagdad contre les jihadistes depuis leur offensive en juin dernier, a été "très difficile" et a connu "des hauts et des bas", selon un haut responsable américain.
>> À voir sur France 24 : "Libérée par les forces irakiennes, Tikrit offre un visage de désolation"
Tikrit constitue aussi un avertissement pour ceux qui voyaient la reconquête du centre et du nord de l'Irak aller beaucoup plus vite. Si cette prise est considérée comme un "tremplin" vers la libération de Mossoul, deuxième ville du pays située à 350 km au nord de Bagdad, Washington met en garde contre toute précipitation.
Pour M. Obama, l'enjeu est de taille, à moins de deux ans de son départ de la Maison Blanche. Ses détracteurs affirment que le retrait des troupes américaines était une erreur stratégique ayant permis à l'EI de se développer à une vitesse fulgurante.
L'EI a perdu "de 25% à 30%" de terrain en Irak, selon le Pentagone
Mais la bataille de Tikrit a aussi été source de tensions avec Washington lorsque les milices chiites soutenues par l'Iran ont été parfois décrites comme étant "les patrons" de l'offensive.
Les dirigeants irakiens n'entendent en rien être des "marionnettes" de l'Iran voisin, a assuré le vice-président américain Joe Biden il y a quelques jours. Et à l'approche de la visite à Washington du Premier ministre irakien, M. Biden a insisté sur la détermination de ce dernier à ne pas se laisser impressionner par son puissant voisin iranien.
"Il a courageusement pris l'initiative et expliqué de manière on ne peut plus claire que c'était le gouvernement irakien, que c'était lui, en tant que commandant en chef, qui dirigeait l'opération", a-t-il souligné.
Quelle que soit la stratégie retenue, la stabilité du pays est encore un projet lointain. Après 1 800 frappes aériennes de la coalition internationale menée par les États-Unis depuis début août dernier, l'EI a perdu de "25 à 30%" de terrain depuis son apogée l'été dernier, selon le colonel Steven Warren, porte-parole du Pentagone.
"C'est une campagne sur le long terme", souligne un responsable américain. "Ce sera long, long, long. Il faut absolument garder cela en tête".
Lundi, M. Abadi a indiqué que, outre des armes et des frappes, le gouvernement irakien réclamait aussi des "mesures strictes" pour arrêter le flux des combattants étrangers en Irak, et des efforts de la communauté internationale pour mettre fin au trafic de pétrole et d'antiquités, source de revenus pour les jihadistes.
Avec AFP