Découverte fin 1994, la grotte Chauvet n'a jamais été ouverte au public. Ses trésors, des dessins rupestres âgés de 36 000 ans, ont été reproduits dans une immense réplique, "La Caverne Pont d'Arc", a été inaugurée vendredi par François Hollande.
Pépite planétaire reproduite au millimètre près, la "Caverne du Pont d'Arc" a été inaugurée, vendredi 10 avril, par François Hollande, et permet de découvrir un bestiaire exceptionnel et des dessins rupestres vieux de 36 000 ans, au réalisme confondant.
Unique au monde, le monumental espace de restitution en forme de patte d'ours vu du ciel est érigé sur le site dit du "Razal" au-dessus de Vallon-Pont-d'Arc (Ardèche), à environ un kilomètre à vol d'oiseau de la vraie grotte, classée le 22 juin au patrimoine mondial de l'Unesco.
Au terme de 30 mois de chantier, la "Caverne du Pont d'Arc" ouvrira ses portes au public le 25 avril. Pour y pénétrer, le visiteur devra descendre une longue rampe en béton projeté, entourée de hauts murs, avant d'entrer dans l'obscurité de l'antre paléolithique où la température chute et l'hygrométrie monte, comme dans la vraie caverne.
Commencera un parcours sur une passerelle, comme dans la grotte authentique, ponctué là d'un crâne de bouquetin et d'ossements au sol, ici de draperies scintillantes orangées et blanches, l'ensemble de la réplique de la grotte étant soutenu par un squelette de tiges métalliques et de mortier, invisibles à l'œil du spectateur.
Le nombre de dessins d'animaux augmente au fil de la visite : en tout 1 000 dessins dont 425 figures animales de 14 espèces différentes, (ours des cavernes, rhinocéros laineux, félins, panthères, hiboux..) ont été reproduits au charbon de bois, comme le faisait l'Aurignacien, notre ancêtre homo sapiens, lorsqu'il dessinait sur la paroi.
350 000 visiteurs attendus chaque année
"La grotte originale a été mise en scène avec une sorte de progression qu'on découvre ici, dans le même ordre. Au début, on trouve des dessins rouges avec des signes abstraits, peu à peu on voit des panneaux de plus en plus complexes, jusqu'à par exemple le panneau des chevaux avec des dizaines d'animaux qui interagissent", explique Jean-Michel Geneste, archéologue et préhistorien, qui dirige l'équipe scientifique de la grotte Chauvet. Il a aussi accompagné la maîtrise d'ouvrage de la réplique.
Fidèle à l'original, le fac-similé ne reproduit toutefois pas toute la surface: les 8 500 m2 de la vraie grotte Chauvet "ont été compactés sur 3 500 m2 au sol et sur 7 500 m2 de parois. Jamais dans l'Histoire une telle reconstitution n'a été faite, c'est une prouesse ! Lascaux faisant 300 m2, vous voyez la différence !", souligne Pascal Terrasse, président du Syndicat mixte en charge de la réalisation de l'espace de restitution de la grotte Chauvet-Pont d'Arc (SMERGC).
Des techniques ultramodernes ont été utilisées pour reproduire les dessins, comme la 3D et l'anamorphose, avec le concours d'ingénieurs, sculpteurs, peintres et plasticiens. Une prouesse réalisée à la croisée des sciences et de l'art.
"Ce projet n'aurait pas pu exister avec autant d'exactitude sans la 3D, et en même temps, toute la phase visible a été faite à la main", explique Gilles Tosello, artiste plasticien qui a réalisé les panneaux les plus impressionnants, celui des chevaux et des lions.
Une équipe de dix personnes a également travaillé pendant près de quatre ans, dans un atelier du XIIIe arrondissement de Paris, à la reproduction minutieuse de "spéléothèmes" de la grotte Chauvet, autrement dit son histoire géologique : stalactites, stalagmites et autres concrétions nées du ruissellement de l'eau sur la roche.
Le projet a représenté un investissement de 55 millions d'euros. Avec 350 000 visiteurs attendus chaque année, le syndicat mixte et les acteurs locaux espèrent des retombées économiques positives : "Un euro consommé dans l'espace de restitution a un effet de sept euros sur le territoire et l'on compte sur 42 millions d'euros de retombées économiques directement", selon le patron du SMERGC.
La grotte Chauvet originelle, inviolée pendant plus de 20 000 ans grâce à un éboulement de roche, avait été découverte le 18 décembre 1994 par un trio de spéléologues amateurs : Jean-Marie Chauvet, Eliette Brunel et Christian Hillaire.
Avec AFP
Le ministère de la Culture propose une visite virtuelle de la grotte Chauvet - Pont d'Arc, découverte le 18 décembre 1994. Elle avait été scellée par un éboulement pendant près de 20 000 ans. Pour l'Unesco, elle "recèle les plus anciennes peintures connues à ce jour".