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Affaire des "mariages chinois" : Jean Germain retrouvé mort le jour de son procès

Absent à l'ouverture de son procès pour l'affaire dite des "mariages chinois", l'ancien maire de Tours et sénateur socialiste Jean Germain a été retrouvé mort mardi matin, près de son domicile. La piste du suicide est privilégiée.

Le sénateur socialiste et ancien maire de Tours, Jean Germain, a été retrouvé mort, mardi 7 avril, près de son domicile, alors qu’il devait comparaître devant le tribunal correctionnel de Tours pour complicité de prise illégale d'intérêts dans le cadre du procès des dits "mariages chinois". Il avait 67 ans. 

"Selon les tous premiers éléments de l'enquête, il s'agirait d'un suicide", a indiqué une source policière après la découverte du corps. Le procureur de Tours, Jean-Luc Beck, a précisé que l'homme avait été retrouvé, une balle logée dans la tête. 

Son avocat Me Dominique Tricaud a signalé sa disparition dans la matinée et fait part de la découverte d’une "lettre d’adieu" retrouvée dans le véhicule de l’ancien édile. "Je sais le mal que je vais faire, la peine que je vais diffuser à ceux qui m’aiment. Mais on ne peut laisser la chasse aux politiques se dérouler normalement, quotidiennement. Il est des êtres pour qui le déshonneur et l’injustice sont insupportables", a-t-il écrit.

L'entourloupe des "noces romantiques de Touraine"

Jean Germain n'aura pas supporté le supplice de justifier, devant la justice, des avantages dont a bénéficié Lise Han, principale prévenue dans l'affaire des "mariages chinois". Femme d’affaires taïwanaise et ancienne collaboratrice de Jean Germain, elle est accusée d’avoir bénéficié d’un conflit d’intérêt entre l’organisation de ces faux mariages et son activité au cabinet du maire, où elle était chargée des relations avec la Chine.

Avant d’être embauchée en 2008 au cabinet du maire, Lise Han dirigeait sa propre société, "Time Lotus Bleu". Elle proposait des "Noces romantiques en Touraine". Facturé 3 000 euros, ce programme touristique permettait à de jeunes couples chinois de se faire "unir symboliquement" par le maire de Tours, ceint de son écharpe tricolore. Des dizaines de mariages, comprenant la visite des châteaux de la Loire ou des caves de Touraine, ont ainsi été célébrés sans encombre de 2007 à 2011. Une activité lucrative qui aurait, entre autres, permis à Lise Han d'engranger entre 700 et 900 000 euros de bénéfices.

Le "Canard enchaîné" soulève un lièvre

En 2011, une enquête du "Canard enchaîné" soupçonne Lise Han de conflit d'intérêts. Celle qui avait officiellement laissé les rênes de sa société à son mari aurait en fait continué d'en exercer la gérance en sous-main. La même année, elle quitte son poste au cabinet du maire pour intégrer la société d'économie mixte en charge du tourisme tourangeau (SEM). Mais elle fait déjà l'objet d'une information judiciaire. Le 25 janvier 2013, elle est mise en examen pour "escroquerie", "prise illégale d'intérêt", et "recel de fonds publics". Elle écope de trois mois de détention préventive.

Le 30 octobre 2013, Jean Germain est à son tour mis en examen pour "complicité de prise illégale d’intérêts et détournement de fonds publics". Le maire nie alors avoir eu connaissance des agissements de Lise Han et affirme ne pas être responsable de son embauche par la SEM. Des affirmations contredites par le directeur de l’office du tourisme du Val-de-Loire, Jean-François Lemarchand. Entendu en 2013 par les enquêteurs du SRPJ d’Orléans, ce dernier avait expliqué "avoir engagé Lise Han après avoir cédé à des pressions de ses supérieurs", à savoir : Jean Germain.

Jusqu’à son décès, Jean Germain a toujours crié à la manipulation. "Il m’est impossible d’accepter sans broncher cette forfaiture, rendue possible par les actions de Mme Han et les mensonges peureux de M. Lemarchand", a-t-il écrit dans sa lettre d'adieu avant d'ajouter : "Soyez sûrs que je n’ai jamais détourné un centime, que je ne me suis pas enrichi, que j’ai toujours œuvré pour ce que je pensais être le bonheur des Tourangeaux". 

Avec AFP et Reuters