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Yukio Hatoyama (photo) a été élu à la tête du Parti démocrate du Japon dans la perspective des législatives de septembre. Il remplace Ichiro Ozawa, contraint à la démission pour avoir trempé dans un scandale politico-financier.
AFP - Le Parti démocrate du Japon (PDJ), principale force d'opposition, a élu samedi à sa tête Yukio Hatoyama, bras droit du président sortant, pour tenter de renverser le gouvernement aux élections de septembre.
M. Hatoyama, 62 ans, succède à Ichiro Ozawa, contraint de démissionner à la suite d'un scandale de financement politique occulte.
Il deviendra le prochain Premier ministre, si le PDJ remporte les législatives de septembre, après plus d'un demi-siècle de domination des conservateurs du Parti libéral-démocrate (PLD) au Japon.
M. Hatoyama, diplômé en ingénierie de la prestigieuse Université de Tokyo et issu d'une riche dynastie d'hommes politiques, a obtenu 124 voix, contre 95 pour le vice-président du parti, Katsuya Okada, 55 ans, pourtant favori des sondages d'opinion en raison de son intégrité.
Mais seuls les députés et sénateurs du PDJ avaient été autorisés à participer à cette élection, une manoeuvre permettant au président sortant Ozawa de favoriser son bras droit, estiment la plupart des analystes.
L'arrestation en mars du secrétaire particulier de M. Ozawa a terni l'image du PDJ, pourtant donné jusqu'alors favori pour remporter les prochaines élections. Face aux critiques émanant de de son propre parti, M. Ozawa a démissionné lundi, après avoir toutefois soigneusement préparé sa succession afin de pouvoir continuer à tirer les ficelles dans l'ombre.
Soucieux de parer à toute division au sein du parti, M. Hatoyama a rappelé dans un discours que le principal objectif était de renverser le gouvernement du Premier ministre conservateur Taro Aso.
"L'opposant que nous combattons n'est pas l'un d'entre nous, mais l'administration Aso", a-t-il dit devant les parlementaires du PDJ rassemblés dans un grand hôtel de la capitale.
Il a exhorté son adversaire malheureux, l'incorruptible Katsuya Okada, surnommé "M. Propre", à travailler avec lui. "Nettoyons le Japon, sous la direction du PDJ. Un nouveau combat vient de commencer aujourd'hui. Il n'y a pas de temps à perdre d'ici les prochaines élections", a-t-il rappelé.
Inclinant le buste à plusieurs reprises pour remercier ses pairs, M. Hatoyama, tout sourire, a serré la main de M. Okada, qui a accepté de le soutenir en vue de renverser le gouvernement conservateur.
"L'influence d'Ozawa va probablement perdurer au sein du parti. La tâche la plus délicate pour Hatoyama va être de se débarrasser de cette image de marionnette à temps pour les élections", a estimé Tetsuro Kato, professeur de sciences politiques à l'université Hitotsubashi de Tokyo.
"Okada a obtenu un bon score dans ce scrutin et Hatoyama va devoir réfléchir à la façon dont il va le traiter", a-t-il dit.
Mari Miura, professeur de sciences politiques à l'université Sophia de Tokyo, pense pour sa part que le fait qu'Ozawa conserve son influence est plutôt une bonne chose.
"Ozawa est un politicien très intelligent qui excelle dans les campagnes électorales", a-t-elle rappelé. "Les responsables du PDJ ont jugé qu'ils ne pouvaient pas changer de stratégie quatre mois avant les élections. Même s'ils savent que Hatoyama n'est pas forcément le meilleur choix, il va maintenir la ligne", a-t-elle ajouté.
D'après les sondages publiés dans les médias, M. Okada devançait nettement le nouveau chef de l'opposition dans le coeur du public, et même parmi les adhérents du PDJ, désireux de placer à la tête du parti un homme plus jeune et intègre, à l'opposé de la réputation sulfureuse de M. Ozawa, 66 ans.
"Pour le PLD, Okada aurait été beaucoup plus dangereux", a reconnu Mme Miura.