Alors que l'instauration de binômes homme-femme avait instauré la parité absolue au sein des conseils départementaux, seulement 8 femmes ont été élues présidentes, jeudi, lors du "troisième tour" des élections départementales.
Oui à la parité, mais pas à tous les niveaux. Il n’est pas certain que les conseillers départementaux fraîchement élus aient eu la volonté d’envoyer un tel message. C’est pourtant bien ce quil ressort du "troisième tour" des départementales.
Seulement 8 femmes ont en effet été choisies, jeudi 2 avril, pour diriger un exécutif départemental – auxquelles il faut ajouter 2 femmes, Anne Hidalgo, la maire de Paris la capitale française ayant à la fois le statut de commune et de département, et Josette Manin, la présidente du conseil général de la Martinique, le département n’ayant pas été concerné par les élections. Sur 101 départements, le ratio hommes-femmes est donc de 91-10. Loin, très loin, de la parité absolue imposée au sein des conseils départementaux par l’élection de binômes masculin-féminin.
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"C'est la limite de la loi", déclarait au "Parisien" Réjane Sénac, présidente de la commission parité au Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes. "La pente naturelle n'est pas au partage du pouvoir. La loi est nécessaire pour agir sur la proportion de candidates, elle érode les inégalités, mais sans remettre en cause l'exclusion des femmes du pouvoir."
L'outre-mer, bon élève dans le domaine de la parité
Dans un communiqué, le Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes affirme par ailleurs que "la surreprésentation masculine anachronique au sommet du pouvoir est un modèle bien ancré au sein de toutes les collectivités, puisque 84 % des maires, 92 % des présidents des intercommunalités et 95 % des présidents des régions sont des hommes".
Parmi les dix présidentes de départements, on compte cinq élues PS, une élue Divers gauche, deux élues UMP, une élue UDI et une élue Divers droite. Tandis que l’outre-mer fait figure de bon élève : puisque la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion, soit trois départements sur cinq, sont dirigées par des femmes.
Les plus optimistes, comme Christophe Borgel, chargé des élections au PS, ou Virginie Duby-Muller, secrétaire nationale UMP à la parité, tous deux interrogés par "Libération", estiment que cette disproportion s’explique notamment par l’inexpérience des femmes nouvellement élues, et par le nombre important de présidents de département sortants réélus. Cinquante d’entre eux, dont quatre présidentes, occupaient ainsi déjà leur fauteuil lors de la précédente mandature. Mais l’argument du manque d’expérience tient difficilement lorsque l’on voit, dans le même temps, que dix hommes nouvellement élus conseillers départementaux sont parvenus jeudi à être aussitôt élus présidents. Les marches à gravir vers le pouvoir sont visiblement moins nombreuses pour certains.
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68 départements dirigés par la droite
Sans surprise, les élections des présidents des conseils départementaux ont confirmé les résultats du dimanche 29 mars. Au total, 68 départements sont aujourd'hui dirigés par la droite et 33 par la gauche.
Le Front national, de son côté, n'a pas réussi à peser lors du "troisième tour", que ce soit dans le Vaucluse, le Gard ou l'Aisne, les départements où le parti de Marine Le Pen avait plusieurs élus en mesure de jouer un rôle, faute de majorité absolue pour la droite ou pour la gauche. Le FN compte depuis dimanche 62 conseillers, sur un total de 4 108.
Dans le Vaucluse, l'UMP Maurice Chabert, 71 ans, a été élu au bénéfice de l'âge, droite et gauche ayant obtenu le même nombre de voix aux trois tours, devant le candidat du FN, Hervé de Lépinau.
Le Gard, lui, est resté à gauche, les élus de droite préférant voter blanc au troisième tour plutôt que de s'allier au FN pour former une majorité. Pas de mélange des voix non plus dans l'Aisne, où le candidat UDI a été élu à la majorité relative.
La surprise est venue du Sud-Ouest. À Montauban, le candidat à la présidence du Tarn-et-Garonne soutenu par la droite, Christian Astruc, pourtant classé divers gauche, a été élu au premier tour face à Marie-Claude Nègre (PRG), soutenue par Jean-Michel Baylet, qui ne s'est pas représenté après trente ans passés à la tête du département. Christian Astruc a notamment bénéficié du soutien de l'UMP emmenée par la maire du chef-lieu Brigitte Barèges.
Avec AFP