
La ville syrienne d'Idleb (nord-ouest) est tombée samedi aux mains du Front al-Nosra et de ses alliés islamistes, devenant la deuxième capitale provinciale à échapper au contrôle du régime depuis le début du conflit il y a quatre ans.
Après Raqqa – devenu le fief de l’EI –, une deuxième capitale provinciale syrienne vient d’échapper au contrôle du régime de Bachar al-Assad : Idleb. Samedi 28 mars, le Front al-Nosra, branche d’Al-Qaïda en Syrie, et ses alliés islamistes, se sont emparés de cette ville du nord-est de la Syrie.
Al-Nosra a annoncé sur Twitter la "libération" d'Idleb, où les forces du régime syrien avaient dû reculer devant la progression des islamistes et les violents combats de rue. "La ville d'Idleb a été libérée et les moujahidines pourchassent les derniers chabbihas (hommes de main du régime, ndlr) qui tentent de s'enfuir", a ajouté le groupe, en postant des photos de combattants devant le siège du gouvernorat dans la ville, celui de la police militaire, de la mairie et de la prison.
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La chaîne du Front Al-Nosra a posté des vidéos de propagande sur YouTube, montrant des combattants qui affirment être à Idleb. Sur une autre vidéo, on voit des combattants et des civils s'étreignant et exprimant leur joie, l'un d'eux se prosternant sur un trottoir et poussant des cris glorifiant Dieu et le prophète Mahomet. "Grâce à Dieu et aux révolutionnaires, voici ma maison, je ne suis pas retourné ici depuis quatre ans. C'est notre quartier, c'est notre terre, si Dieu le veut, on va instaurer (la loi) islamique", s'exclame devant la caméra l'un des combattants.
150 raids aériens en quatre jours
À l'instar de l'EI, son rival qui a proclamé un "califat" à cheval sur la Syrie et l'Irak, Al-Nosra entend fonder son propre "émirat" en Syrie, selon des analystes. Cette victoire à Idleb n’est donc pas anecdotique, d’autant qu’elle est intervenue après seulement cinq jours de combats. Cela s'explique par le fait que, malgré 150 raids aériens de l'armée pendant quatre jours, "il y avait près de 2 000 rebelles qui ont attaqué de tous les côtés", a expliqué Rami Abdel Rahmane, de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme.
La ville d'Idleb comptait près de 200 000 habitants avant le début du conflit en mars 2011, mais des milliers de personnes déplacées par les combats étaient venues s'y installer. Au moment de l’arrivée des jihadistes, un grand nombre d'habitants avaient déjà pris la fuite mais beaucoup sont restés dans la ville, a indiqué l’OSDH, sans donner de chiffres.
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Après la chute d'Idleb, le régime de Damas ne contrôle plus dans cette province que les grandes villes de Jisr al-Choughour et Ariha, quelques petites localités, l'aéroport militaire d'Abou Douhour, ainsi que cinq bases militaires. Cette défaite des forces de Bachar al-Assad survient au moment où Moscou se prépare à accueillir début avril de nouvelles discussions entre représentants du régime et une partie de l'opposition syrienne, alors qu'aucune perspective de solution du conflit n'est en vue.
Avec AFP