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Le fisc du Bangladesh réclame au prix Nobel de la paix Muhammad Yunus plus de 1,51 million de dollars d'arriérés d'impôts. Pour certains observateurs, ce différend s'explique par les mauvaises relations entre Yunus et l'actuelle Première ministre.

Le prix Nobel de la paix et pionnier du microcrédit Muhammad Yunus est convoqué le 29 mars prochain par le fisc du Bangladesh, qui lui réclame plus de 1,51 million de dollars d'arriérés d'impôts.

"Le professeur Yunus est un contribuable très bon et respectueux. Mais le montant de ses impôts dus s'élève désormais à 117 millions de takas" (1,51 million de dollars), a expliqué à l'AFP un responsable du fisc, Meftha Uddin Khan. "Nous lui avons demandé de résoudre ce différend par la discussion", a-t-il ajouté.

Yunus, le fondateur de la Grameen Bank en 1983, un établissement qui accorde des microcrédits aux entrepreneurs du monde rural, ne s’est pas exprimé à ce sujet mais il a fait appel contre ce redressement.

Selon le fisc, il doit s'acquitter d'impôts sur des "cadeaux" financiers qu'il aurait fait à trois trusts créés pour sa famille et pour des engagements humanitaires. "Je pense que ce différend fiscal vise à prouver que son intégrité n'est pas exempte de doute et qu'il n'est pas aussi parfait que le pense le public", a ainsi estimé Ataur Rahman, professeur de sciences politiques retraité de la Dhaka University.

Des manœuvres politiques ?

Dans son pays, Yunus bénéficie en effet d’une très grande popularité au sein de la population. Mais selon plusieurs analystes, ces problèmes financiers pourraient être une manœuvre de la Première ministre Sheikh Hasina pour éliminer un adversaire politique. Comme l'explique RFI sur son site, en 2007 "Muhammad Yunus a brièvement envisagé de créer un parti politique, avant de se raviser. Depuis les attaques se sont donc multipliées. Sheikh Hasina accuse même le prix Nobel de vouloir 'sucer le sang des pauvres'".

En 2011, il avait finalement été démis en 2011 de ses fonctions de directeur de la Grameen Bank qu'il avait fondée, après avoir été accusé de s'être maintenu à son poste sans en avoir demandé l’autorisation à la Banque centrale alors qu’il avait dépassé l'âge légal de la retraite (60 ans). De son côté, Muhammad Yunus avait clamé qu'il s’agissait là d'un coup monté des autorités pour prendre le contrôle de sa banque.

Avec AFP