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L'hymne sifflé coûte son poste au chef des sports de TVE

Julian Reyes, directeur des programmes sportifs de la chaîne publique TVE, a été remercié suite à l'affaire de la non-retransmission de l'hymne nationale hué pendant la finale de la Coupe d'Espagne entre Barcelone et Bilbao.

AFP - La télévision publique espagnole a remercié jeudi le directeur de ses programmes sportifs et ouvert une enquête après la non-retransmission mercredi soir de l'hymne national copieusement sifflé par le public de la finale de la Coupe d'Espagne entre le FC Barcelone et Bilbao.

Le directeur de la télévision publique, TVE "Javier Pons, a destitué le directeur des sports, Julian Reyes, le considérant plus haut responsable de la non-émission de l'hymne national en direct pendant la retransmission du match entre Barcelone et l'Athletic Bilbao, à l'encontre des consignes qui avaient été expressément transmises", selon un communiqué de RTVE, la société de l'audiovisuel public.

"TVE a ouvert une enquête pour mettre à jour d'autres éventuelles responsabilités", poursuit l'organisme, qui a présenté à plusieurs reprises ses excuses pour cet incident qu'il a attribué à une "erreur humaine".


La TVE nie une volonté de censure

L'entrée du roi d'Espagne Juan Carlos et de la reine Sofia a été copieusement sifflée, de même que l'hymne national qui a immédiatement suivi, par des supporteurs des clubs de ces villes situées dans deux régions d'Espagne où les velléités nationalistes sont les plus fortes, la Catalogne (nord-est) pour Barcelone et le Pays Basque (nord) pour Bilbao.

La télévision publique, qui diffusait le match qui se déroulait à Valence (est), n'a pas retransmis en direct ces images, basculant sur l'ambiance à Bilbao et Barcelone, avant de finalement les passer en différé à la mi-temps.

Ce couac télévisé a suscité des réactions indignées ou grinçantes dans la presse espagnole.

"Des milliers de personnes sifflent le roi et l'hymne, et TVE le dissimule", titrait jeudi le quotidien de droite El Mundo.

El Pais, premier quotidien généraliste payant d'Espagne (gauche), sans titrer sur l'incident, écrivait en "Une" que "l'arrivée du roi au stade Mestalla et l'hymne national ont été reçus par de longs sifflets que TVE a évité de retransmettre en direct".

"TVE nie catégoriquement qu'il y ait une quelconque censure. Elle considère cependant que c'est une erreur d'une gravité extraordinaire de ne pas permettre aux citoyens de suivre en direct ce qu'il se passait", a affirmé RTVE dans son communiqué.


"Au revoir l'Espagne"

"A aucun moment n'ont été données des instructions pour occulter ce qu'il se passait dans le stade (...). Tout au contraire. Connaissant l'importance de l'évènement, des instructions précises avaient été données pour qu'il n'y ait aucune erreur. Une chose qui a été respectée par RNE (la radio nationale, dépendant du même organisme, ndlr), qui a émis en direct l'hymne et les sons d'ambiance", selon le communiqué.

"Constatant que ses instructions n'avaient pas été respectées, le directeur de TVE a ordonné que les images soient diffusées au repos, à la fin du match et au cours des retransmissions postérieures", poursuit RTVE.

Certains indépendantistes catalans sont familiers d'actions contre le roi, comme par exemple brûler publiquement des photos du monarque.

Les journaux publient également la photo d'une banderole déployée dans le stade, signée par des organisations indépendantistes catalanes.

On pouvait y lire, en anglais "Nous sommes les nations de l'Europe, au revoir l'Espagne", au-dessus d'images du chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero et du leader de l'opposition de droite Mariano Rajoy.

Elle a été retirée par la police avant le début du match, remporté 4-1 par le FC Barcelone.