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Élections départementales : les quatre leçons du premier tour

Les élections départementales, dimanche, ont notamment été marquées par la victoire de l'UMP et le score important du Front National. En attendant le second tour, dimanche prochain, voici les quatre enseignements de ce premier tour.

Le premier tour des élections départementales a donné lieu, dimanche 22 mars, à la victoire de l’UMP et de ses alliés, devant le Front National et le Parti socialiste. En attendant le second tour, dimanche 29 mars, qui devrait confirmer ces premiers résultats, voici ce qu’il faut retenir du premier tour.

  • Victoire politique de la droite

Avec 29,4 % des voix, l’alliance UMP-UDI-MoDem est nettement arrivée en tête du premier tour des élections départementales. Cette victoire, qui reste à confirmer le 29 mars lors du deuxième tour, offre à Nicolas Sarkozy son premier succès électoral depuis son retour à la présidence de l'UMP en décembre dernier.

"C’est une victoire claire pour la droite, qui a voulu prendre sa revanche par rapport à 2012 et qui s’est saisie de l’occasion pour le faire, estime le politologue Jean-Daniel Lévy, de l’institut Harris Interactive, contacté par France 24. Ces bons résultats pour l’UMP peuvent être attribués à Nicolas Sarkozy, dans la mesure où il a su réaliser une union tactique avec l’UDI et une partie du MoDem. Il devrait pouvoir tirer profit de ce scrutin."

Si le contexte politique – rejet du gouvernement et montée du Front National – oblige à nuancer ce succès électoral de la droite, les résultats définitifs devraient toutefois mener à une nette domination territoriale de l’UMP.

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  • L’ascension durable du Front national

Marine Le Pen n’a pas pu revendiquer le statut symbolique de "premier parti de France" dimanche soir, mais avec 25,19 % des voix au niveau national et des résultats qui le placent en tête dans 43 départements, le parti d'extrême droite est confortablement installé en deuxième position.

"Il y a une forte progression du FN par rapport aux cantonales de 2011 et aux élections européennes de 2014, affirme Jean-Daniel Lévy. Même si ses dirigeants espéraient arriver nationalement en tête au soir du premier tour, les résultats sont tout à fait significatifs. Il y a aujourd’hui clairement trois blocs, avec la gauche, la droite et le Front national. C’est ça le plus important."

La fin annoncée du bipartisme est également soulignée par le politologue et ancien membre de la direction du PS Gérard Le Gall. Dans un entretien au "Monde", il affirme que le FN va désormais "peser de plus en plus fortement dans le débat idéologique national comme dans l’ensemble du territoire par la nationalisation à haut niveau de son électorat et, novation, par sa pénétration dans les collectivités territoriales et dans la société civile".

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  • Le gouvernement de nouveau sanctionné

Comme en 2014 lors des élections européennes et des élections municipales, le Parti socialiste a vu son action au gouvernement sanctionnée par les électeurs. Le PS arrive en troisième position de ce premier tour des départementales avec seulement 21,85 % des voix.

"Nous sommes dans un environnement où le PS n’arrive pas à créer une dynamique, constate Jean-Daniel Lévy. La gauche est divisée, éclatée, et a dû se résoudre à faire de la communication politique dimanche soir en focalisant son discours sur les résultats du FN plutôt que sur sa défaite."

Car même si le score du PS a "limité la casse" comme l’a déclaré lundi matin sur France 2 le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, cela ne fait pas oublier ses échecs cinglants, comme dans le Nord, un département qu’il tient depuis 1998 et dont 27 cantons sur 41 ont déjà été perdus.

Dans "Le Monde", Gérard Le Gall note que "ce 22 mars ramène la gauche à un seuil proche de son niveau le plus bas, celui de 1992" et souligne qu’elle a "perdu environ 13 points" entre 2011 et 2015.

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  • Une abstention moins forte que prévue

L’abstention avait été de 55,7 % lors des élections cantonales de 2011 et de 57,5 % aux élections européennes de 2014. Elle n’a finalement pas dépassé les 49 %, dimanche 22 mars, alors que de nombreux observateurs politiques craignaient le pire.

"La mobilisation des dirigeants politiques et la nationalisation du scrutin dans les dernières semaines de la campagne, notamment de la part de la gauche, ont permis une participation en hausse par rapport aux dernières élections cantonales, affirme Jean-Daniel Lévy. Environ 25 % des électeurs déclarent ainsi qu’ils se sont décidés à aller voter au dernier moment."

Pour le politologue, c’est d’ailleurs cette hausse de la participation qui a "mécaniquement" réduit le score du Front National et limité les dégâts pour le Parti socialiste.