L'exposition itinérante "Dessine-moi la guerre" a été inaugurée lundi à Paris. Présentée dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre, elle fait dialoguer les dessinateurs de 14-18 et leurs héritiers d'aujourd'hui.
À l’occasion du centenaire de 14-18, l’association Cartooning For Peace, qui soutient les dessinateurs de presse un peu partout dans le monde, a imaginé une exposition itinérante qui met en parallèle les dessinateurs de la Grande Guerre avec leurs homologues d’aujourd’hui. Cette manifestation, appelée "Dessine-moi la guerre", inaugurée lundi 16 mars à Paris, va aller à la rencontre des élèves dans de nombreux établissements scolaires.
Pour le dessinateur Plantu, président de Cartooning for Peace, il s’agit d’un travail de mémoire essentiel pour les futures générations. "Ne pas comprendre ce qu’il s’est passé durant la Première Guerre mondiale, c’est ne pas comprendre ce qu’il se passe aujourd’hui", a-t-il ainsi expliqué en montrant l'un de ses dessins qui met en perspective l’attentat de Sarajevo en 1914 avec le récent conflit en Yougoslavie.
Vers plus d’humour noir
Lors de la présentation de cette exposition, l'historien d'art contemporain Bertrand Tillier de l’Université de Bourgogne, est également revenu sur l’importance des dessinateurs de presse au cours de la Première Guerre mondiale. Beaucoup d’entre eux ont été utilisés par le gouvernement en tant que "soldats de l’arrière" pour galvaniser les troupes et la population contre l’ennemi. Mais c’est également à cette époque que des journaux satiriques ont été créés à l'image du "Canard Enchaîné" dont le premier numéro date du 10 septembre 1915.
"On passe au cours de ce conflit, qui est aussi une guerre de l’image, d’une composition lyrique qui est souvent produite par des dessinateurs qui ont été formés à la peinture (…) à la forme moderne du dessin de presse, une forme plus graphique et qui va vers le croquis", souligne ainsi l’historien. "Ce changement se double d’un changement sur le fond. On évolue d’un dessin souvent patriotique, propagandiste voire nationaliste, (…) vers un dessin critique, souvent antimilitariste, pacifiste même dans certains cas".
Bertrand Tillier note toutefois une différence majeure entre les dessins de la Grande Guerre et ceux d’aujourd’hui : "Ce qui change entre la Première Guerre mondiale et puis les guerres suivantes, plus particulièrement après la Seconde Guerre mondiale, c’est le rapport au traitement guerrier. On s’intéresse de moins en moins à la guerre en tant que technique militaire, confrontation de belligérants, mais de plus en plus aux effets sur la population civile et cela passe souvent par l’humour noir".