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Cinq sites ont été bloqués par les autorités françaises pour apologie du terrorisme, a annoncé lundi le ministère de l'Intérieur. Dès la veille, des médias avaient repéré que le site islamic-news n'était plus accessible en France.
Le cyber-couperet du ministère de l’Intérieur commence à tomber. Celui-ci a affirmé, lundi 16 mars, avoir demandé le blocage administratif de cinq sites Internet pour apologie du terrorisme. Cette mesure, qui ne requiert pas d’autorisation judiciaire préalable, avait été inscrite dans la loi "Loppsi 2" (Loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure) de fin 2014 et rendue possible par un décret d’application de février 2015.
Les noms de cibles visées par cette censure n'ont pas encore été rendus publics. Mais, dès dimanche, le journaliste de RFI spécialiste du jihadisme David Thompson avait repéré que le site islamic-news.info ne répondait plus. À la place, le message "Vous avez été redirigé vers ce site officiel car votre ordinateur allait se connecter à une page qui provoque des actes terroristes ou fait publiquement l’apologie d’actes de terrorisme" accueille l'internaute.
#France Page d'accueil d'un site pro-jihad bloqué par les autorités pic.twitter.com/WKwURmsZyq
— David Thomson (@_DavidThomson) 15 Mars 2015
Contenus disponibles sur Facebook
Ces sites ont donc disparu du radar des internautes français. Il reste néanmoins, pour islamic-news.info, possible d’en savoir plus sur ses contenus grâce à sa page Facebook ou en consultant une version sauvegardée par Google (en cache). On y retrouve des articles clairement antikurdes tels que "Attentat-suicide commis par un terroriste kurde du PKK" tandis que d’autres regrettent que l’organisation de l’État islamique (EI) perde du terrain à Tikrit.
Cette "ligne éditoriale" a valu à islamic-news de se retrouver sur la liste noire que l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication a fait parvenir aux hébergeurs ou FAI (fournisseurs d’accès à Internet). À eux, ensuite de faire le ménage.
Techniquement les sites incriminés n’ont pas, en l’espèce, été effacés par les autorités. Une petite manipulation fait que l’adresse islamic-news.info réoriente le visiteur vers la page de mise en garde du ministère de l’Intérieur.
Liberté d’expression et vie privée
L’administrateur d’islamic-news.info, contacté par le site Nextinpact, promet qu’il "ne se laissera pas intimider", sans préciser pour autant ce qu’il compte entreprendre pour contrer la sanction administrative.
@AlexArchambault c'est encore + simple: aucune info LCEN sur le site (hébergeur/éditeur), donc non respect de la loi, donc bombe nucléaire
— Octave Klaba / Oles (@olesovhcom) 16 Mars 2015Il n’est pas le seul à avoir été pris de court par cette censure administrative. Le site était hébergé par la société OVH, basée à Roubaix, dont le fondateur Octave Klaba a vigoureusement protesté sur Twitter contre la manière utilisée par les autorités. Il affirme ne pas avoir été mis au courant et regrette une opacité qu’il juge contraire à la loi. Ce serait "une bombe nucléaire" à ses yeux.
La loi française affirme en effet que les autorités doivent demander à l’hébergeur "de retirer le contenu constitutif d’apologie du terrorisme". Mais le texte précise que si ce dernier "n’est pas joignable", le ministère peut s’adresser directement aux FAI (tels qu’Orange, Numericable ou Free). Reste à savoir combien de fois et comment Beauvau a tenté de joindre OVH.
D’autres regrettent l’avènement de cette censure administrative au nom de la liberté d’expression… et du respect de la vie privée. En effet, la page d’avertissement qui remplace islamic-news.info appartient au ministère de l’Intérieur qui enregistre, au passage, l’adresse informatique de tous ceux qui essaient de consulter le contenu du site. Le navigateur (Firefox, Google Chrome etc.) "envoie également bien d'autres informations qui peuvent vous identifier", souligne, sur son blog, l'administrateur et architecte réseau Stéphane Bortzmeyer.