Alors que le débat sur la formation des imams se poursuit dans l'Hexagone, des étudiants français font le choix de suivre des études de théologie en Turquie, une démarche encouragée par Ankara, qui espère contrer les courants extrémistes.
Sur les bancs de la faculté de théologie de Marmara, des étudiants originaires d'une trentaine de pays écoutent avec attention un cours magistral sur l’islam. Parmi eux, des Français qui suivent une formation pour devenir imam. Au programme : des cours de religion, mais également de psychologie, de sociologie, de philosophie. Un enseignement interdisciplinaire qui séduit chaque année une cinquantaine de Français.
La démarche est encouragée par Ankara, qui espère contrer les courants extrémistes, mais également garder son influence sur sa diaspora. "Nous aurions aimé que les musulmans aient leurs propres écoles en Allemagne ou en France. Mais il faut des moyens pour les financer et trouver des enseignants et cela pose problème dans les pays laïcs", explique Suleyman Derin, professeur à la faculté de théologie de Marmara.
En France, l'offre n'est pas complètement inexistante, puique la Turquie a ouvert en février 2012 à Strasbourg une faculté de théologie musulmane, pilotée par l'Union turco-islamique pour les affaires religieuses. Son objectif est avant tout de former les imams qui officient auprès de la communauté turque résidant en France.
Certains imams turcs retraités viennent leur prêter main forte et poursuivent leur mission auprès de la communauté turque d'Europe. Les jeunes espèrent à présent assurer la relève. "Aujourd’hui les imams que nous avons parlent le turc, mais ne connaissent pas la culture de la France, contrairement à nous. Je pense que l'on pourra trouver des solutions aux problèmes des jeunes de France, parce qu'on a fait le même cheminement", explique à France 24 Yalçin Kaplan.
Une fois diplômés, ces étudiants sont déterminés à rentrer en France. Certains y poursuivront leurs études, d'autres pourront aussitôt commencer à exercer dans des mosquées fréquentées par la communauté turque.