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Paris ne veut pas que la Belgique frappe une pièce célébrant la bataille de Waterloo

La France a obtenu que la Belgique abandonne l’idée de frapper une pièce de deux euros pour commémorer le bicentenaire de la bataille de Waterloo, perdue par Napoléon. Les Britanniques ont vivement critiqué la position française.

Waterloo n’a rien d’une morne plaine pour la France. Paris a bataillé et obtenu que la Belgique abandonne son projet de frapper une pièce de 2 euros pour célébrer le bicentenaire de cette défaite française. Une défaite historique, qui a marqué le début de la fin des rêves de grandeur européenne du petit empereur français Napoléon Bonaparte, rapporte, mercredi 11 mars, le quotidien britannique “The Guardian”.

Un responsable européen a confirmé au journal que Paris avait remporté cette deuxième et bien moins sanglante bataille de Waterloo. Mais ni la Belgique, ni la France n’ont officiellement commenté cette passe d’arme symbolique.

La France craint des “réactions hostiles”

Les autorités françaises ont protesté contre le projet belge dans une lettre adressée au Conseil de l’Europe, affirme le quotidien britannique “Daily Telegraph”. Elles craignent des “réactions hostiles dans le pays” si une pièce de deux euros commémorant cette défaite militaire française voyait le jour. Napoléon avait été tenu en échec, le 18 juin 1815, par la coalition anglo-prusso-néerlandaise emmenée par le duc de Wellington. Plus de 55 000 soldats ont péri ce jour-là sur le plateau de Waterloo, qui se trouve sur le territoire actuel de la Belgique, non loin de Bruxelles.

Pour Paris, rappeler cette bataille, qui a une “résonnance particulière dans l’inconscient” français, ne serait pas le bienvenu à une “époque où les États européens cherchent à renforcer leur lien à travers la monnaie unique”.

“Moment essentiel de l’histoire européenne”

Napoléon, plus fort que l’euro aux yeux des Français ? Les Britanniques, qui considèrent Waterloo comme l’un de leurs plus hauts faits d’arme militaires, trouvent que Paris pousse le bouchon un peu loin. “Il serait tout de même incroyable que le remarquable 200e anniversaire de la bataille de Waterloo ne soit pas convenablement fêté à cause de la susceptibilité française !”, regrette Peter Bone, un député conservateur anglais dans le “Daily Telegraph”.

Un autre membre des Tories, Sir Peter Luff, juge que la France “devrait reconnaître que [la défaite de Napoléon] est un moment essentiel de l’histoire européenne et une avancée importante pour la liberté et la démocratie”. Il ajoute même qu’il faut “se réjouir que la zone euro célèbre une date qui marque l’échec français de créer un super-État européen”.

Les Belges ne vont, en tout cas, pas se priver de fêter l’anniversaire de la bataille de Waterloo parce que le rideau est tombé sur leur pièce commémorative de deux euros. Bruxelles a préparé un week-end entier de festivités et des infrastructures spéciales ont été mises en place pour accueillir l’afflux escompté de touristes.

Quant aux numismates frustrées, ils peuvent toujours aller se consoler de l’autre côté du “Channel”. La Grande-Bretagne va frapper sa propre pièce de cinq livres à la gloire du duc de Wellington, relève “The Guardian”. Et s’ils tiennent vraiment à se tourner vers la Belgique, ils pourront toujours obtenir l’autre pièce en l’honneur de Mons, la capitale culturelle européenne de 2015.