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Des milliers de personnes ont manifesté mercredi dans les rues de Sanaa contre les Houthis. Les rassemblements contre la prise de pouvoir par cette milice chiite se multiplient dans un pays qui s'enfonce dans une crise politique.

Depuis septembre, les Houthis contrôlent la capitale du Yémen, Sanaa. Le 6 février, ils ont pris le pouvoir. En quelques mois, ces miliciens chiites ont étendu leur influence sur l'ouest du pays mais rencontrent des résistances dans le centre et le sud.

Mercredi 11 mars, des milliers de Yéménites ont manifesté dans les rues de Sanaa pour crier leur colère contre le coup de force des Houthis, qui ont contraint le président Abd Rabbo Mansour Hadi, reconnu par la communauté internationale, à se réfugier à Aden.

Nombreuses manifestations

Pour la première fois, mercredi, les manifestants ont pu accéder sans violence à la place centrale de Sanaa, la place du Changement. Ali Abdo, un manifestant, explique la motivation du mouvement de protestation : "Nous manifestons aujourd'hui pour exiger le départ des militants houthis de la capitale Sanaa, désormais occupée par Abdel Malek al-Houthi. Nous n'allons pas arrêter nos manifestations avant la fin de l'occupation."

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Les rassemblements hostiles aux Houthis se sont multipliés dans plusieurs régions, notamment dans le centre et le sud du Yémen que ces miliciens n'arrivent pas à contrôler. Dans certaines zones, ils se retrouvent opposés à des tribus sunnnites, dont certaines s'allient avec Al-Qaïda pour leur faire face.

Mais au Yémen, les divisions vont également au-delà des pro et anti-Houthis. Mardi, c'étaient les pro-Saleh qui ont battu le pavé. Ils veulent voir le fils de l'ancien président Ali Abdallah Saleh accéder au pouvoir et réclament pour ce faire des élections anticipées.

La proposition saoudienne

La crise politique que vit le Yémen depuis plusieurs mois est de plus en plus profonde. Pour de tenter de la désamorcer, les Nations unies ont ouvert des négociations à Sanaa avec les deux parties, sans succès pour le moment. Pour accélérer le processus, Riyad propose à présent d'accueillir ces pourparlers.

Mais l'invitation de l'Arabie saoudite divise. Pour Hazzem Adhib, membre du Rassemblement politique pour la réforme, parti chassé du pouvoir : "Cette initiative est considérée comme un geste pour soutenir le Yémen dans sa crise politique." À l’inverse, Hana al-Aloui, membre du bureau politique des Houthis, estime que "si le dialogue se déplace à Riyad, il faudra faire de plus gros efforts et on devra tout recommencer à zéro".

Pour les Houthis, chiites, se retrouver à Riyad est inimaginable. D’après eux, les pays du Golfe financeraient et armeraient leurs ennemis : les extrémistes sunnites.