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La réforme Bachelot fait redescendre les blouses blanches dans la rue

En dépit des modifications du texte annoncées par Nicolas Sarkozy, entre 8 500 et 25 000 personnels des hôpitaux et médecins ont défilé, jeudi, dans une trentaine de villes pour protester contre le projet de loi Bachelot.

AFP - Des milliers de personnels des hôpitaux ont manifesté jeudi dans une quarantaine de villes contre le projet de loi Bachelot, en discussion au Sénat, alors que de nombreuses voix s'élèvent, y compris dans la majorité, pour demander l'abandon de la procédure d'urgence.

Les médecins parisiens, toujours à la pointe de la contestation, ont été toutefois nettement moins nombreux à faire grève que lors de la précédente journée d'action du 28 avril.

Entre 8.500 et 25.000 personnes ont manifesté dans quelque 40 villes, dont 3.200 à 14.000 à Paris, selon les chiffres respectifs de la police et des syndicats. Le 28 avril, la manifestation parisienne, qui était alors un défilé national, avait réuni entre 8.000 et 20.000 personnes.

Selon le ministère de la Santé, la participation à la grève était globalement inférieure à celle observée le 28 avril. Mais les deux principaux syndicats de médecins hospitaliers ont de leur côté fait état d'une "mobilisation supérieure à celle du 28 avril".

En fin d'après-midi, selon les chiffres ministériels, quelque 11,6% des médecins étaient grévistes en province (contre 14,4% le 28 avril) et 26,5% dans les hôpitaux de Paris (contre 50,1%).

Les concessions promises par l'exécutif sur le projet de loi "Hôpital, Patients, Santé, territoires" (HPST) ont été diversement accueillies par la communauté médicale, certains les saluant et d'autres les jugeant insuffisantes.

Ces retouches visent à garantir un meilleur équilibre que dans le texte initial entre d'un côté les pouvoirs du directeur d'hôpital -que le texte renforce- et de l'autre ceux de la communauté médicale, qui craint de voir son poids amoindri dans les décisions.

Au ministère de la Santé, on juge que les revendications exprimées jeudi dans la rue ne visent plus tant le projet HPST et qu'il s'agit de revendications plus "classiques" contre les suppressions d'emplois et le nouveau mode de financement des hôpitaux, la tarification à l'activité (T2A).

De fait, médecins et personnels hospitaliers expriment des revendications communes contre la logique de "l'hôpital-entreprise", que le projet ne crée pas mais renforce selon eux.

Les médecins hospitaliers ont reçu jeudi le soutien de leurs collègues libéraux, dont le principal syndicat, la CSMF appelait jeudi à une "grève à la japonaise" (fermetures de cabinets, soins gratuits ou encore distribution de tracts).

Leur mécontentement porte toutefois sur des points différents de la loi, notamment sur des questions comme les limites à la liberté d'installation pour lutter contre les déserts médicaux.

Tous sont en revanche unis pour demander que le gouvernement renonce à la procédure d'urgence (une seule lecture par chambre) pour examiner le texte.

Le président de l'Assemblée nationale Bernard Accoyer (UMP) est à son tour monté au créneau, jugeant, comme l'opposition, que les nombreux amendements gouvernementaux apportés au Sénat posaient problème.

Du fait de la procédure d'urgence, les députés qui ont déjà voté le texte, ne pourront pas s'exprimer sur les modifications des sénateurs.

Selon M. Accoyer, Nicolas Sarkozy aurait donné son accord pour une nouvelle lecture si le Sénat le "modifiait considérablement", mais des sources gouvernementales ont assuré jeudi à l'AFP qu'il n'y aurait pas de nouvelle lecture à l'Assemblée.

Les socialistes du Sénat ont de leur côté dénoncé "les mensonges" de Nicolas Sarkozy, jugeant que les concessions promises sur la gouvernance à l'hôpital n'étaient pas traduites dans les amendements du gouvernement.