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Nadia Savtchenko, symbole de la résistance ukrainienne face au Kremlin

La pilote ukrainienne Nadia Savtchenko a mis un terme vendredi à une grève de la faim entamée pour protester contre sa détention en Russie. Cette jeune femme de 33 ans est devenue une icône dans son pays.

Son regard bleu déterminé, son visage impassible derrière les barreaux d’un tribunal de Moscou ont fait le tour des médias ukrainiens. Nadia Savtchenko, pilote ukrainienne de 33 ans détenue depuis neuf mois en Russie, est même devenue le symbole de la résistance au Kremlin.

Le 13 décembre, la militaire avait entamé une grève de la faim pour protester contre son emprisonnement. Elle l'a rompue, vendredi 6 mars, sur le conseil de ses avocats et de ses nombreux soutiens, qui craignent pour sa santé.

"Elle était au bord du gouffre", a indiqué Mark Feigin, l’un de ses conseils, à l’AFP. Il a également précisé que sa tension était en chute libre et qu’elle avait du mal à ingérer ne serait-ce que de l’eau. L’avocat a expliqué qu’elle avait accepté de mettre un terme à sa grève de la faim sur l’injonction de ses nombreux soutiens et sous la pression des autorités russes. Celles-ci l’ont menacée de la tranférer dans un hôpital civil et de forcer à s’alimenter.

Un autre de ses conseils, Nikolaï Polozov, a indiqué qu’elle ne pourrait pas consommer de nourriture solide avant au moins un mois. Selon lui, elle a cessé sa grève de la faim juste avant "le point de non-retour".

"Je me battrai ! Je me battrai avec vous ! Et à votre demande, et reconnaissante pour votre soutien, je me maintiens en vie pour vous !", a écrit Nadia Savtchenko à l’attention de ses soutiens, dans un texte transmis par ses avocats.

Livrée à l’armée russe par les séparatistes

Depuis juin dernier, elle est en détention provisoire, dans l'attente d’un procès. Moscou l’accuse d’être responsable de la mort de deux journalistes russes. Elle aurait livré les coordonnées satellites permettant à l’armée ukrainienne de les localiser près de Lougansk, l'un des bastions de l'insurrection séparatiste, où ils ont péri au cours d'une attaque.

Arrêtée dans l’est de son pays par des rebelles pro-russes, elle a ensuite été livrée à l’armée russe qui l’a emprisonnée. Elle clame depuis son innocence, mais risque 20 ans de prison.

À chacune de ses apparitions publiques, lors des audiences au tribunal de Moscou, elle a arboré le trident ukrainien, symbole national, n’hésitant pas à crier "Vive l'Ukraine" en quittant la salle. La frêle jeune femme, qui aurait perdu près de 20 kg, est rapidement devenue le symbole de la résistance de Kiev face aux ingérences de Moscou.

À 33 ans, son parcours a de quoi impressionner : l’une des rares femmes pilotes dans son pays, elle a fait ses armes en Irak en 2004 avant de s’engager sur le front ukrainien.

Nommée "héroïne de l'Ukraine"

Son patriotisme et sa détermination lui valent d’être considérée comme une héroïne en Ukraine. Jeudi, lorsque le parlement ukrainien a appris qu’elle allait cesser sa grève de la faim, les députés se sont tous levés pour applaudir la nouvelle. Le président Petro Porochenko lui a attribué le titre d'"héroïne de l'Ukraine", la plus haute distinction du pays.

Il y a six mois, Ioulia Timochenko, égérie de la révolution orange, l’avait fait élire députée de son parti et elle a même été élue au conseil de l'Europe, ce qui est censé lui garantir une certaine immunité. En vain.

Mercredi dernier, la chef de la diplomatie de l'Union européenne Federica Mogherini a ajouté sa voix "à toutes celles qui appellent les autorités russes à relâcher rapidement Mme Savtchenko pour des raisons humanitaires".

Cette mobilisation nationale et internationale en faveur de la militaire n'a pour l'instant pas porté ses fruits. La Russie refuse toujours de relâcher l'Ukrainienne, malgré les demandes répétées des gouvernements occidentaux et une pétition de 11 000 signatures adressée à Vladimir Poutine