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À Selma, Obama rappelle que la lutte contre les discriminations n'est pas finie

Cinquante ans après la marche de Selma pour les droits civiques des Afro-américains, emmenée par Martin Luther King, Barack Obama a appelé les Américains à poursuivre la lutte contre les discriminations raciales aux États-Unis.

Un demi-siècle après la marche de Selma, le président américain Barack Obama a célébré samedi 7 mars, depuis la petite ville d'Alabama devenue un symbole de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis, un "acte fondateur de l’histoire de l'Amérique". Il a appelé ses compatriotes à poursuivre la lutte contre la discrimination raciale aux États-Unis.

"Il y a des lieux où l'avenir de la nation s’est décidée. Selma en est un", a clamé Barack Obama devant les milliers de personnes. Le premier président noir de l'histoire des États-Unis a prononcé un discours lyrique de près d’une heure, sous un soleil radieux, devant le pont Edmund Pettus de Selma.

Le 7 mars 1965, c’est sur ce même pont que des centaines de manifestants qui défilaient pour les droits civiques et le vote des Noirs dans les États du Sud avaient été violemment repoussés par les forces de l'ordre. Cette journée, restée célèbre sous le nom de "Bloody Sunday", a marqué un tournant pour le mouvement des droits civiques. En août 1965, le "Voting Rights Act", qui a mis fin aux discriminations dans les opérations de vote, était signé.

"L'ombre de l'histoire raciale plane toujours sur nous"

Barack Obama souligné les progrès accomplis : "Si vous pensez que rien n'a changé, demandez à quelqu'un qui a vécu à Selma, Chicago ou Los Angeles dans les années 1950 !". Mais il a aussi appelé à la vigilance, rappelant que le racisme n'a pas disparu.

"Nous n'avons pas besoin du rapport de Ferguson pour savoir que cela n'est pas vrai", a-t-il lancé. Il faisait allusion au document, publié cette semaine par le ministère de la Justice, qui pointe les comportements discriminatoires de la police dans cette petite ville du Missouri, théâtre de violentes émeutes après la mort de Michael Brown, jeune homme noir abattu par un policier blanc.

"Il nous suffit d'ouvrir nos yeux, nos oreilles et nos cœurs pour savoir que l'ombre de l'histoire raciale de ce pays plane toujours", a poursuivi Barack Obama. "Aujourd'hui, en 2015, cinquante ans après Selma, il y a des lois dans ce pays qui visent à rendre le vote plus compliqué pour certaines personnes. Alors que je vous parle, d’autres lois de ce genre sont encore proposées", a-t-il déploré.

"La non-violence peut changer les choses"

Les démocrates accusent régulièrement les républicains de brandir la menace de la fraude électorale pour introduire dans certains États des contraintes supplémentaires sur l'identification des électeurs dans le but de dissuader les minorités de se rendre aux urnes.

"Les Américains qui ont traversé ce pont ne se sont pas imposés physiquement, mais ils ont donné du courage à des millions de personnes. Ils n’exerçaient pas de fonctions électives, mais ils ont dirigé une nation. (…) Ils ont prouvé que la non-violence peut changer les choses", a ajouté Barack Obama.

Accompagné de sa femme Michelle, de ses deux filles et d’une cinquantaine de personnes ayant participé à la marche de 1965, le président a ensuite traversé à pied le pont Edmund Pettus. Son prédécesseur, le républicain George W. Bush, et sa femme Laura faisaient partie du cortège.

Avec AFP et Reuters