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Scandale Petrobras : 34 parlementaires brésiliens visés par la justice

La justice brésilienne a ouvert vendredi une enquête dans le cadre du scandale de corruption du géant pétrolier Petrobras. Les 34 noms de parlementaires y apparaissent, dont ceux des présidents du Sénat et de la Chambre des députés.

La Cour suprême du Brésil a donné son accord, vendredi 6 mars, pour ouvrir une enquête sur 34 parlementaires soupçonnés de corruption dans le scandale Petrobras. "L'instauration d'enquête a été considérée viable parce qu'il y a des indices d'illégalité", a indiqué la Cour.

Parmi les 12 sénateurs et 22 députés inquiétés figurent le président du Sénat, Renan Calheiros, et celui de la Chambre des députés, Eduardo Cunha, du parti centriste PMDB. L'ensemble des suspects appartiennent à cinq partis, dont trois de la coalition du gouvernement de Dilma Rousseff : le Parti des travailleurs (PT, gauche au pouvoir depuis 12 ans), le PMBB et le PP. Deux partis d'opposition sont également touchés, le PSDB et PTB.

Une liste de 49 noms

Le procureur général de la République, Rodrigo Janot, avait fait état mardi soir d'une liste de 54 personnes qui pourraient faire l'objet d'une enquête, sous couvert du secret de l'instruction. La Cour en a retenu 49.

Il avait demandé à la Cour de lever le secret pour déterminer les responsabilités dans ce retentissant scandale de contrats frauduleux avec des entreprises, de pots-de-vin et de blanchiment d'argent qui auraient généré un manque à gagner de 4 milliards de dollars en dix ans pour la compagnie phare du pays.

Cette dénommée "liste de Janot" a placé le pays sur des charbons ardents et a provoqué une tourmente politique dans les relations entre le gouvernement et ses alliés. L'effet sur l'image publique des hommes politiques qui feront l'objet d'une enquête ne pourra qu'aggraver la relation entre le PT et le PMDB, dont Dilma Rousseff ne peut se passer pour gouverner.

"Rien à craindre"

"Mes relations avec le pouvoir public n'ont jamais dépassé les limites institutionnelles", s’est défendu le président du Sénat Renan Calheiros, soupçonné par le parquet de "crimes de corruption passive qualifiée" et de "blanchiment d'argent". Le parquet souligne de son côté "les volumineux montants reçus par Renan Calheiros de plusieurs entreprises" impliquées dans l'achat de contrats du géant pétrolier, pour au moins 2,5 millions de réais (830 000 dollars).

"Transparence et rien à craindre", a tweeté quant à lui le président de la Chambre basse Eduardo Cunha, juste avant la diffusion de la liste.

Le PT, fondé par l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva, parrain politique de Dilma Rousseff, a diffusé un communiqué où il affirme que "tous les dons en argent que le parti a reçu sont légaux" et qu'il "est fier de diriger des gouvernements qui combattent la corruption de façon implacable".

Le scandale a éclaté en mars 2014 et le réseau de corruption a commencé à être dévoilé grâce aux aveux de certains des principaux accusés en échange d'une réduction de peine en cas de condamnation.

Selon les déclarations de certains "repentis" ayant filtré dans la presse, dont un ancien directeur de Petobras, l'argent détourné était destiné à des comptes personnels pour financer les partis politiques. "Les hommes politiques non seulement avaient conscience que les montants provenaient de mauvaises pratiques de certains directeurs et hauts fonctionnaires de Petrobras, comme ils agissaient de façon indirecte ou directe pour maintenir le réseau" de corruption, souligne le procureur. Le procès pourrait durer de deux à quatre ans.

Avec AFP et Reuters