
Le leader du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, emprisonné en Turquie, a relancé samedi le processus de paix avec Ankara en appelant son mouvement à prendre la décision "historique" de déposer les armes.
Le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, emprisonné depuis 1999 en Turquie, a appelé, samedi 28 février, les dirigeants de son mouvement à prendre la décision "historique" de déposer les armes dans le cadre du processus de paix entamé avec Ankara.
Une démarche qui a ravivé de façon spectaculaire, à trois mois des élections législatives du 7 juin, l'espoir que soit mis fin à la rébellion séparatiste kurde qui ensanglante la Turquie depuis 1984.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié cet appel de "très, très important" mais s'est montré prudent. "J'espère qu'ils respecteront cette déclaration et qu'ils prendront les mesures nécessaires, a-t-il déclaré. Mais je me dois d'insister sur le fait que ceux qui déposent les armes sont des membres d'une organisation terroriste".
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"Remplacer le combat armé par la politique"
Dans un message lu devant la presse par le député du Parti démocratique du peuple (HDP, pro-kurde) Sirri Sureyya Önder, samedi au cours d'une conférence de presse commune inédite avec le vice-Premier ministre Yalçin Akdogan, Abdullah Öcalan a appelé son mouvement à organiser au printemps un congrès sur son désarmement. "Nous nous rapprochons d'un règlement de ce conflit vieux de trente ans sous la forme d'une paix définitive, et notre objectif premier est de parvenir à une solution démocratique", a estimé le chef rebelle.
"J'appelle le PKK à organiser un congrès extraordinaire au printemps pour prendre une décision stratégique et historique de désarmement", a-t-il poursuivi, "c'est un appel historique à remplacer le combat armé par la politique". Les deux parties sont "plus proches de la paix que jamais", a commenté devant la presse Sirri Sureyya Önder.
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"Nous avons franchi une étape importante et historique dans le processus de paix", a renchéri Yalçin Akdogan, premier représentant d'un gouvernement turc à assister à la lecture d'un message du chef du PKK, encore largement considéré en Turquie comme un "terroriste".
L'annonce de samedi intervient après la visite rendue par une délégation d'élus du HDP aux chefs militaires du PKK dans leur base du mont Kandil, dans le nord de l'Irak, puis à Abdullah Öcalan dans son île-prison d'Imrali, en mer de Marmara, non loin d'Istanbul.
Les ponts entre les deux parties n'ont jamais été coupés
Après un premier échec en 2010, le gouvernement islamo-conservateur, au pouvoir depuis 2002, a réactivé à l'automne 2012 les discussions avec le PKK pour tenter de mettre un terme à un conflit ayant fait en trente ans quelque 40 000 morts. Il avait cette fois directement engagé le dialogue avec Abdullah Öcalan, qui purge une peine de prison à vie.
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En octobre 2014, elles ont failli capoter lorsque des milliers de jeunes Kurdes sont descendus dans les rues des villes de Turquie afin de dénoncer le refus du gouvernement turc d'intervenir pour soutenir les miliciens kurdes qui défendaient la cité syrienne de Kobané, assiégée par les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) avant d'être reprise.
Malgré ces fortes tensions, les ponts entre les deux parties n'ont jamais été coupés et le gouvernement a fait pression en vue d'une solution avant les législatives du 7 juin.
Avec AFP