
Karachi, la plus grande ville du Pakistan, doit faire face à l’influence grandissante des Taliban. Pour y mettre fin, les forces de l’ordre ont lancé en septembre 2013 "l’opération Karachi". Le but est de reprendre le contrôle de tous les quartiers de la ville. La police, en collaboration avec les services secrets et les paramilitaires, mène des opérations coup de poing contre les Taliban. Reportage de nos correspondants.
Depuis plusieurs décennies, Karachi, en proie aux groupes criminels et aux rivalités politiques, est agitée par toutes sortes de violences. Et depuis quelques années, les Taliban étendent leur influence dans la mégalopole pakistanaise.
Les opérations militaires successives dans la vallée de Swat, au Waziristan du Sud et maintenant dans le Waziristan du Nord, poussent les combattants islamistes à trouver refuge dans cette ville tentaculaire de plus de 20 millions d’habitants. Ils se fondent parmi la population et s’implantent dans les quartiers pachtounes. Ils y ont également trouvé une source de financement pour leurs actions terroristes, puisque racket et kidnapping contre rançon sont devenus monnaie courante.
Après des années d’inertie, la police, aidée des paramilitaires et des agences de renseignement, est aujourd’hui en première ligne. Elle multiplie les raids contre "des cibles talibanes" et communique largement sur ses actions. En représailles, les Taliban s’en prennent aux policiers. L’année dernière, plus de 140 d’entre eux ont été tués à Karachi, la plupart victimes d'assassinats ciblés.
Mais la police pakistanaise est aussi très critiquée, accusée d’être expéditive, d’arrêter, voire même de tuer des personnes sans lien avec le terrorisme. Les Pachtounes sont particulièrement victimes de discriminations et de harcèlement. Certains nous ont confié être étiquetés "Taliban" simplement à cause de leur origine ethnique.
Et comme souvent, les habitants sont les premières victimes de cette guerre entre les forces de l’ordre et les Taliban pour le contrôle de la capitale économique du pays.
Près d'un an et demi après son lancement, "l’opération Karachi" est toujours en cours et n’est pas près de s’arrêter. Pour les autorités, la paix à Karachi est indispensable à la prospérité de tout le pays.