Le baron de la drogue le plus recherché du Mexique, Servando "La Tuta" Gomez, a été arrêté vendredi par les autorités mexicaines. Le chef du cartel des Chevaliers Templiers était recherché depuis trois mois.
Sa tête était mise à prix 1,8 million d'euros. Servando "La Tuta" Gomez, dernier dirigeant en liberté du cartel des Chevaliers Templiers a été arrêté, vendredi 27 février, dans une maison de la ville de Morelia, capitale de l'État de Michoacan, dans l'ouest du pays. Ce groupe criminel est pourchassé pour ses trafics de drogue vers les États-Unis et ses expéditions illégales de fer vers la Chine, en plus de ses actes de violence.
Cette arrestation a été rendue possible par un "un travail de renseignements mené depuis des mois par la police fédérale sans qu'aucun coup de feu ne soit tiré", a indiqué à l'AFP un membre de la Commission nationale de sécurité du Mexique.
Avec cette arrestation, les autorités ont neutralisé les quatre principaux dirigeants d'une organisation criminelle qui, depuis son fief de Tierra Caliente, une région du Michoacan, semait la terreur : enlèvements, extorsions, meurtres, souvent sous la protection des polices locales, largement corrompues.
Cette capture apparaît comme une victoire pour le gouvernement du président Enrique Peña Nieto. Depuis son arrivée au pouvoir en 2012, il est parvenu à abattre ou arrêter les principaux barons de la drogue mexicains.
Depuis début 2013, la situation du Michoacan avait conduit à la création de milices d'auto-défense armées qui affrontaient les cartels. Le gouvernement avait finalement mené l'an dernier une offensive dans la région, qui avait permis de démanteler quasiment toute la direction de ce cartel excepté "La Tuta", que les forces de l'ordre ont traqué jusque dans les montagnes et des grottes.
"La Tuta", amateur de vidéos sur le Net
Ancien instituteur militant de gauche, "La Tuta", 49 ans, s'était aussi fait connaître par sa tendance à enregistrer et diffuser des vidéos où il apparaissait notamment en compagnie de responsables politiques - certains ont d'ailleurs été emprisonnés ensuite - ou à donner des interviews.
Présentant son organisation à tendance messianique comme une "fraternité", il affirmait dans une interview clandestine accordée en 2013 à la chaîne américaine de télévision Fox n'être qu'un "mal nécessaire" pour "défendre le peuple du Michoacan" des cartels de Nueva Generacion et des Zetas, fondé par d'ex-militaires d'élite.
Gomez avait aussi expliqué à la chaîne britannique Channel 4 qu'être enseignant "était un métier très sain et très honnête. Mais en raison de mes aspirations et de ma nature hyperactive, cela ne me satisfaisait pas".
L'homme "est considéré comme l'un des hommes les plus violents (...) capable de tuer seulement parce que celui qui lui tirait les cartes au tarot affirmait qu'untel allait le trahir", indique une fiche de renseignements diffusée par le parquet.
Rituels initiatiques
"La Tuta" était la face visible et médiatique des Chevaliers Templiers, dirigés en réalité depuis leur création en 2011 par Nazario Moreno "El Chayo". Celui-ci, fondateur du cartel de La Familia, avait été donné, à tort, pour mort en 2010 par le précédent gouvernement.
Après la supposée disparition de "El Chayo", une scission au sein de La Famille a donné naissance aux Chevaliers Templiers, qui ont repris sa doctrine pseudo-religieuse, ses rituels initiatiques et son culte de "Saint Nazario" Moreno.
Finalement abattu en mars 2014 par des militaires, "El Chayo" s'est vu remplacé par "La Tuta", dont on a dit qu'il se cachait dans des grottes et se nourrissait en attrapant du bétail.
"La Tuta" était à la tête de sept propriétés dans la localité de Arteaga (Michoacan), où il est né le 6 février 1966, et y disposait notamment d'une piste d'atterrissage clandestine, d'après le parquet.
Les Templiers se consacraient à la culture et au trafic de pavot, de marijuana et avaient pris le contrôle du port de Lazaro Cardenas, sur la côte Pacifique, d'où ils trafiquaient du minerai de fer à destination de la Chine, tout en important d'Asie des précurseurs chimiques nécessaires à la production de méthamphétamines.
Avec Reuters et AFP