
En campagne pour la présidentielle du 28 mars, le chef de l'État nigérian, Goodluck Jonathan, s'est rendu à Baga, ville-martyre de Boko Haram. Pendant ce temps, des attentats faisaient une trentaine de morts dans le centre et le nord-ouest du pays.
À un mois des élections présidentielle et législatives, le chef de l’État nigérian, Goodluck Jonathan, s'est rendu jeudi 26 février à Baga, décimée en janvier par le groupe islamiste Boko Haram et reprise samedi par l'armée, alors que le pays continuait à être secoué par des attentats en série.
Le 3 janvier, les combattants de Boko Haram avaient soulevé la réprobation internationale en faisant de Baga, un port de pêcheurs sur les rives du Lac Tchad, une ville martyre. Ils y avaient tué des centaines de civils, voire plus, un massacre considéré comme le plus important jamais commis par les insurgés depuis six ans.
"Je voulais juste voir les choses par moi-même"
"Je suis allé... rendre visite aux communautés dévastées par les atrocités de Boko Haram", "je voulais juste voir les choses par moi-même", a déclaré après sa visite à Baga le président Jonathan à des journalistes à Maiduguri, capitale de l'État de Borno, dans le nord-est du Nigeria.
Quelques heures plus tôt, le général Kenneth Minimah, qui commande l'armée nigériane, avait lui-même estimé que la guerre contre Boko Haram était "presque terminée". "Nous allons libérer Dikwa, Bama, Gwoza, Marte et d'autres localités dans quelques jours", avait-il ajouté.
Samedi, l'armée avait annoncé avoir repris la ville après deux jours de combats en tuant "un grand nombre de terroristes". Elle avait ensuite diffusé des dizaines de photos montrant nombre de véhicules, d'armes et de munitions de Boko Haram détruits dans les combats.
La prise de Baga fait partie de la contre-offensive menée par le Nigeria et les pays voisins (Tchad, Cameroun et Niger) contre Boko Haram pour sécuriser et stabiliser la région.
En pleine campagne présidentielle
La visite du président à Baga s'inscrit dans le contexte de la campagne électorale actuellement en cours dans le pays le plus peuplé d'Afrique. Initialement prévues le 14 février, les élections ont été reportées au 28 mars, afin de permettre de reprendre la main sur Boko Haram et ainsi de sécuriser le nord-est du pays.
Le chef d'État a été vivement critiqué pendant la campagne pour son incapacité à endiguer l'insurrection islamiste. Jeudi, il a dit avoir rendu hommage à la "bravoure" des soldats lors de son passage à Baga. Il a aussi affirmé que le gouvernement "s'occuperait de réhabiliter les communautés dévastées" par l'attaque.
Son principal rival à la présidentielle, l'ex-général Muhammadu Buhari, a promis quant à lui de donner tous les moyens nécessaires à l'armée pour en finir avec Boko Haram, s'il était élu.
Deux nouveaux attentats
Mais, alors que Goodluck Jonathan effectuait sa visite à Baga, plusieurs attentats secouaient le centre et le nord-est du Nigeria, faisant une trentaine de morts. Même si les attaques n'ont pas été revendiquées, tous les soupçons se portaient sur Boko Haram, coutumier de ce genre d'attaques depuis le début de son insurrection en 2009.
C'est d'abord la ville de Biu, dans l'État de Borno, qui a été touchée, victime de deux kamikazes se faisant passer pour des commerçants. Au moins 18 personnes ont été tuées par le premier kamikaze qui s'est fait exploser dans la gare routière, tandis que le second a été abattu avant qu'il n'actionne sa charge explosive, ont raconté des témoins à l'AFP.
Par ailleurs, à Jos, dans le centre du pays, à 250 km d'Abuja, au moins 17 personnes sont mortes dans deux explosions survenues à nouveau dans une gare routière, a-t-on appris de source militaire et auprès de témoins. Selon un témoin, deux engins explosifs ont été lancés par des assaillants à bord d'une voiture qui circulait à vive allure.
Avec AFP