
Plusieurs médias ont révélé, jeudi, l'identité de l'homme apparaissant sur plusieurs vidéos de décapitations d'otages par l'organisation de l'État islamique. Il s'agirait d'un jeune Britannique originaire d'une famille aisée de Londres.
Jihadi John, le combattant masqué soupçonné d’avoir décapité plusieurs otages l'organisation de l'État islamique (EI) en Syrie, serait bien un britannique. Selon plusieurs médias dont "The Washington Post"et la BBC, le bourreau s’exprimant avec l‘accent londonien dans plusieurs vidéos d’exécution d’otage, dont les Américains James Foley et Steven Sotloff et le Britannique David Haines, serait un informaticien d’une vingtaine d’année prénommé Mohammed Emwazi.
Une information que les autorités britanniques ont refusé d’infirmer ou de confirmer, se retranchant derrière le secret de l’enquête. Aux États-Unis, plusieurs sources officielles au sein des services de renseignement et du Congrès interrogés par la chaîne CNN ont confirmé l’information.
Dans un communiqué, l’International Centre for the Study of Radicalisation du King's College à Londres, un centre de recherche reconnu pour son expertise sur les mouvements jihadistes, déclarait lui que l'information sur l’identité de "Jihadi John" lui semblait correcte.
Il aurait grandi dans l'ouest londonien dans une famille originaire du Koweït avant de décrocher un diplôme de programmation informatique et de rejoindre la Syrie en 2012, d'après des informations des services secrets américains obtenues par le quotidien "The Washington Post".
La BBC ajoute qu'il aurait été repéré par les services de renseignements occidentaux après sa radicalisation consécutive à un déplacement en Tanzanie. Il aurait été alors soupçonné d’être entré en contact avec le groupe islamiste somalien des Shebab.
Impact médiatique "multiplié par 1 000"
L'identité du jihadiste Jalman Al-Britani, de son nom de guerre, inquiète les gouvernements européens et focalise l’attention de tous les médias. C'est justement ce que recherchait l'EI, assure le spécialiste des mouvements jihadistes et journaliste à France 24 Wassim Nasr, qui note qu'"on s’intéresse à lui parce que l'EI a décidé de le mettre en avant".
"Un Arabe qui égorge des Occidentaux, on a déjà vu. En revanche, c'est la première fois que l'on voit un Occidental égorger des Occidentaux, l'impact médiatique est à multiplier par 1 000. Un Britannique qui tue ses compatriotes, cela déclenche la machine à peur et la lumière des médias nationaux", analyse Wassim Nasr. La mise en avant du Français Maxime Hauchard avait été tout aussi efficace auprès des médias français.
D'autant que "Jihadi John" serait éduqué, issu d’une famille aisée, déconstruisant au passage l’idée d'un profil type de l'étranger parti faire le jihad. "Quand le public européen entend un jihadiste s'exprimer dans un anglais parfait, il se sent d’autant plus menacé et il pense que la guerre est chez lui", ajoute le spécialiste. L'annonce de l'identité du bourreau a d'ailleurs instantanément "suscité un vague d'inquiétude" outre-Manche, selon "The Guardian".