
Le journaliste et diplomate Éric Rouleau est décédé, mercredi, à l’âge de 89 ans. Négociateur de l’ombre, ce fin connaisseur du Proche-Orient s’était illustré, au cours de sa carrière, par sa couverture des conflits qui ont secoué la région.
Le journaliste et diplomate Éric Rouleau est décédé mercredi à l’âge de 89 ans, à son domicile d’Uzès, dans le Gard, a indiqué sa famille jeudi 26 février. Ce fin connaisseur du Proche-Orient était considéré comme l'un des plus grands experts de la région.
Dépeint comme "visionnaire", Éric Rouleau était "capable d’anticiper des crises 40 ans à l’avance", selon Matthieu Mabin, journaliste à France 24. "Sa connaissance des subtilités du Proche-Orient était telle qu’il est devenu évident de le laisser influencer la politique étrangère de la France dans la région", commente-t-il.
Né au Caire, ce journaliste décrit comme l’un des plus fameux de sa génération, très connu à l'international, avait été contraint à l'exil en 1951 et déchu de sa nationalité égyptienne en raison de ses convictions progressistes. Naturalisé français, Éric Rouleau a par la suite collaboré avec l'Agence France-Presse (AFP), avant de travailler au "Monde", pour qui il a couvert la guerre des Six-Jours en 1967 puis la guerre du Kippour en 1973.
Pour Matthieu Mabin, il était "un journaliste du XXe siècle, qui a œuvré toute sa vie à nous annoncer les drames du XXIe".
Négociateur de l’ombre
En 1985, il a été nommé ambassadeur par le président François Mitterrand, dont il était proche et a occupé les fonctions d'ambassadeur de France en Tunisie puis en Turquie.
Mais son rôle de diplomate s’est étendu au-delà des frontières tunisiennes et turques, comme le rappelle le journal "L’Orient-Le Jour". Juste avant les législatives françaises de 1986, il avait été envoyé en mission confidentielle à Téhéran pour y négocier la libération des otages français au Liban, Jean-Paul Kauffmann, Marcel Carton et Marcel Fontaine.
En 2002, Éric Rouleau est revenu sur ces évènements dans un article publié par "Libération", en accusant "des négociateurs de l'opposition" d'avoir empêché la libération des otages qui devait avoir lieu la veille de l’élection "à Damas au terme du protocole d'accord qu'[il avait] conclu avec les Iraniens à Téhéran".
Il a publié ses mémoires en 2012 : "Dans les Coulisses du Proche-Orient (1952-2012)".
Avec AFP