Plus d'un mois après l'attentat contre l'Hyper Cacher parisien, et quelques jours après la profanation d'un cimetière juif, François Hollande se rend au dîner annuel du Crif, lundi, pour y exposer son plan contre l'antisémitisme.
C’est dans un contexte particulièrement tendu, quelques semaines après l’attentat contre le supermarché juif de la porte de Vincennes et quelques jours après la profanation d’un cimetière juif en Alsace, que le président Hollande se rend lundi 23 février au dîner annuel du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) pour y exposer son plan de lutte contre l’antisémitisme.
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Devant quelque 700 invités, dont l’ancien président Nicolas Sarkozy et le président de l’institution, Roger Cukierman, le chef de l'État devrait répéter que "les Français de confession juive sont des citoyens à part entière, [qu’ils] ont toute leur place en France et que quand on s'attaque à un juif, on s'attaque à la République elle-même", a-t-on indiqué dans son entourage.
Le président français avait esquissé son plan contre le racisme en janvier, devant le Mémorial de la Shoah, et il fera l'objet d'une communication en conseil des ministres en mars. Ce plan devrait s’appuyer sur quatre piliers : "La sanction, avec notamment un durcissement de l'arsenal répressif contre tout acte à connotation raciste et antisémite, la transmission des valeurs républicaines tout au long de la vie, l'éducation, la lutte contre le complotisme antisémite et raciste sur les réseaux sociaux". Le chef de l'État devrait insister sur ce dernier point, qui préoccupe beaucoup la communauté juive.
Marine Le Pen "irréprochable"
Au cours du dîner, le Crif remettra également trois prix, dont un au Malien Lassana Bathily, naturalisé après avoir aidé des juifs à se cacher lors de la prise d'otages du supermarché casher à Paris, a annoncé Roger Cukierman.
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Ce dernier risque d’ailleurs de jouer les trouble-fête pendant le dîner après ses propos tenus lundi matin sur Marine le Pen. Le président du Crif a en effet déclenché une levée de boucliers sur les réseaux sociaux après avoir qualifié la présidente du Front national d’"irréprochable" sur Europe 1. Il a ensuite tenté de se justifier, distinguant la dirigeante frontiste qui "n'a tenu aucun propos antisémite" de son parti qui ne reste "pas fréquentable". "Je ne voterai jamais pour le FN", a-t-il ajouté.
Selon #Cukierman ,Marine #lepen"est irréprochable" ...1er chapitre du livre " Redonner une virginité au #FN avant 2017" #lemondeestfou
— yamina thabet (@yaminathabet) 23 Février 2015Qu'importe la nuance, la distinction a fait bondir l'avocat et historien Serge Klarsfeld, fils d’un déporté à Auschwitz-Birkenau, pour qui Marine Le Pen dirige un parti "qui porte le passif des prises de position antisémites du père", Jean-Marie Le Pen.
Ce qui est très grave c'est que #Cukierman avec ses propos odieux fait comme le #FN et oppose les français les uns aux autres...
— Antoine Mokrane (@AntoineMokrane) 23 Février 2015Né à Lyon en 1943 sous l'occupation nazie, le Crif est l'organe de représentation politique d'une communauté juive – la première d'Europe avec quelque 500 000 personnes – où l'inquiétude ne cesse de croître. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, en pleine campagne électorale, a récemment appelé les Français de confession juive à rejoindre Israël au grand dam des autorités hexagonales.
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Le CFCM annule sa participation au dîner
"Considérer que 'toutes les violences aujourd'hui sont commises par des jeunes musulmans' et son approbation de l'expression 'islamo-fascisme' sont des déclarations irresponsables et inadmissibles", a indiqué dans un communiqué le Bureau exécutif du Conseil français du culte musulman (CFCM), qui juge "inopportun de participer au dîner du Crif ". Il a ainsi réagi à l'interview accordée par Roger Cukierman à Europe 1 dans laquelle le président du Crif a notamment affirmé : "toutes les violences sont commises par des jeunes musulmans ; c'est une toute petite minorité de la communauté musulmane et les musulmans en sont les premières victimes."
Avec AFP