Les ministres des Finances de la zone euro ont accepté vendredi de prolonger de quatre mois leur plan d'aide à la Grèce, au lieu des six mois demandés. Athènes a dû s'engager à poursuivre les réformes pour éviter la faillite.
Un accord a été trouvé vendredi 20 février entre les gouvernements de la zone euro et Athènes sur l'extension du programme de financement de la Grèce, après d'intenses négociations à Bruxelles.
"Quatre mois, c'est le délai approprié en termes de financement et compte tenu des défis à relever" par la Grèce, a indiqué vendredi soir Jeroen Dijsselbloem, le président néerlandais de l'Eurogroupe.
Il s'exprimait lors lors d'une conférence de presse à Bruxelles à l'issue d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, la troisième en 10 jours. Le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne participaient également aux discussions.
"La demande d'extension du programme devait être soutenue par des engagements", a ajouté Jeroen Dijsselbloe. Il a souligné qu'Athènes avait promis de ne pas revenir sur les mesures d'austérité engagées en accord avec l'Union européenne avant les élections qui ont porté le gouvernement d'Alexis Tsipras au pouvoir le 25 janvier 2015.
Lutte contre la fraude fiscale
La Grèce devra donc présenter lundi soir une liste de réformes structurelles prioritaires qui devraient porter sur la lutte contre la fraude fiscale et la corruption ainsi que le fonctionnement de l'administration publique.
Les institutions européennes, puis les autorités de chaque pays de la zone euro, devront alors approuver la poursuite de l'assistance financière à la Grèce selon les modalités qui leur sont propres. Ces ratifications devront intervenir avant le 28 février, date à laquelle le soutien financier acquis jusqu'ici à Athènes prendra fin.
L'Allemagne devra notamment faire adopter le plan par les parlementaires du Bundestag, réputés sourcilleux lorsqu'il s'agit d'orthodoxie budgétaire européenne.
Une liste de réformes plus détaillée d'ici fin avril
La Grèce devra soumettre une liste de réformes plus détaillée avant fin avril pour bénéficier des quatre mois d'aide supplémentaire proposée, puis satisfaire à un examen de leur mise en place dans les mois à venir pour se libérer de la tutelle de l'Union européenne et du FMI.
Le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis a déclaré à la fin de la réunion de l'Eurogroupe que l'accord était "un petit pas dans la bonne direction".
"Ce week-end va être joyeux et créatif. Nous allons enfin écrire nos propres réformes", a-t-il ajouté, en se félicitant de la possibilité donnée à la Grèce de se concentrer sur les mesures n'entraînant pas le pays dans la "récession".
"La Grèce a cédé sur de nombreux points"
La correspondante de France 24 à Athènes, Alexia Kefalas, souligne toutefois que "la Grèce a cédé sur de nombreux points", tant sur les réformes à engager que sur la durée de l'assistance obtenue.
Bien que l'opposition de droite souligne le "retour à la réalité" que subit le gouvernement Tsipras, notre correspondante souligne que l'opinion grecque ne lui en tiendra pas nécessairement rigueur. "Comme la majorité de ceux qui ont voté pour Alexis Tsipras savaient qu'il ne pourrait pas appliquer l'intégralité de son programme, ils ne sont pas déçus : ce qu'ils voulaient, c'était un accord", estime Alexia Kefalas.
Une analyse partagée par le commissaire européen aux Affaires économiques et financières : "Il fallait être logique et pas idéologique, a déclaré Pierre Moscovici. C'est un accord équilibré qui permet à la fois aux nouvelles autorités grecques de mettre en œuvre une partie des changements qu'ils souhaitaient, ce qui est naturel dans une démocratie, mais qui permet aussi de s'assurer que les engagements pris par l'État grec seront tenus."
Avec AFP, AP et Reuters